CALM

7.7 Mika

— Mika ! cria Davan. Ramène-toi tout de suite. Ian aussi.

Le déchu, Ian, se dirigeait vers le bureau des quêtes sous les regards lourds et les murmures. Mika suivit, conscient qu'il avait peut-être fait une bêtise, mais pas tout à fait sûr de savoir laquelle. Osa prit Fabio par la main et ils entrèrent dans le bureau avec eux, avec l'approbation de Davan.

— Fermez les portes, demanda le roi.

Fabio s'exécuta.

— Qu'est-ce qu'il t'a pris, gronda Osa en posant la main sur l'épaule de Mika. Tu n'as pas vu ce qui venait de se passer ? C'était pourtant sous tes yeux !

Mika grimaça. Il s'en était douté, c'était l'heure du savon.

— Mika, Mika, Mika... soupira Davan. La reine venait de te faire gagner le rang basique de la compétence diplomatie carlier. Et je meurs d'envie de te le faire perdre.

— C'était beau, remarqua Ian.

Davan acquiesça.

— Sauf que ce n'était pas volontaire.

— Je n'ai pas fait attention, s'excusa Mika. L'incident était clos...

— La plupart des partisans de la reine étaient encore là, rétorqua le roi. Ce que tu viens de faire, c'est insulter publiquement ta reine. Tu m'aurais fait ça à moi, tu serais mort sur le coup. Tu as de la chance qu'elle soit trop fière pour revenir.

— Devant tous ses partisans, compléta Osa. Elle venait d'ordonner à mots couverts qu'on ignore les déchus, et lui en particulier, et la première chose que tu fais, c'est que tu lui parles ! Que tu le remercies, en plus !

— Mais j'avais une bonne raison ! se défendit Mika.

— Peut-être, mais tu aurais pu attendre un moment moins gênant ! Tu es un Carlier, bon sang, tu es censé avoir un minimum de discrétion !

Ian s'était adossé au mur et riait en silence. Comment pouvait-il être de si bonne humeur après ce lynchage public ?

— Bon, ce n'est pas grave, soupira Davan.

Il semblait amusé, lui aussi.

— À l'avenir, je te conseille d'éviter la reine, il en va clairement de ta survie. Mais tant que tu assures en tant que Carlier, ça ne devrait pas te poser de problème.

Il se tourna ensuite vers Osa.

— J'espère que ça ne va pas te porter préjudice.

— Ce n'est pas grave, assura-t-elle. Je saurai me faire pardonner. Mika est venu me sauver chez les Artiseurs sans rien demander en échange... je ne peux vraiment pas lui en vouloir.

— Est-ce que je t'ai fait quelque chose ? s'inquiéta Mika.

— Je fais partie de la cour de la reine, répondit Osa. L'une des choses les plus difficiles pour avoir ce privilège, c'est de garder une réputation irréprochable et comme je venais de te présenter à la reine, et bien... ma réputation vient d'en prendre un sacré coup.

— Je suis désolé.

— Ce n'est rien, ce n'est rien du tout. Entre toi et Fab, de toute façon, je suis perdue d'avance.

Davan acquiesça. Il se tourna vers Ian et ajouta.

— Je suis navré pour ce qu'il s'est passé. Tu es parti depuis longtemps, et les choses sont devenues compliquées pour les déchus, ici. Tu n'as peut-être pas choisi le bon moment.