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Le silence se brisa d'un coup, les coups reprirent contre les portes. L'enchantement Lyxir avait pris fin et bientôt les humains rentreraient.

Mika ferma les yeux. Adam posa ses deux mains sur ses épaules et il sut qu'il était en sécurité, qu'il pouvait se concentrer. Il prit donc le temps de visualiser la Vieille Boite telle qu'elle aurait dû être, attaquée par la rouille et la poussière. Il en fit un vieil entrepôt avec de vieux rayonnages tordus et renversés, des restes de feux allumés à même le sol, des tags sur les murs avec des symboles de jeux vidéos comme si c'était des symboles de gangs et des déclarations d'amour à la craie où au feutre. Il ajouta des bouteilles de bière et des mégots par terre. Et tout au fond, il ouvrit une petite porte de service donnant sur la brume. Lorsqu'Adam le poussa en avant, il s'en tint là et se mit à courir avec les autres même s'il n'était pas au bout de tout ce qu'il aurait voulu faire. Il se retourna pour regarder derrière lui et vit les portes exploser. Les humains tirèrent sans sommation, mais ils étaient déjà loin, tout au bout du bâtiment et ils passèrent la porte sans encombre. Aussitôt, Ian repartit en sens inverse en direction du toit.

— Ne montez pas, annonça-t-il dans l'oreillette. Il y a du monde. J'aimerais bien savoir ce qu'il se dit à l'intérieur. Ça pourrait nous être utile.

Keii baissa ses lunettes sur ses yeux et un portail apparut devant elle. Toute l'équipe se précipita dans l'ouverture et ils se retrouvèrent sur les conduites d'aération qui couraient au plafond de la Vieille Boite, au-dessus des soldats. Ian les rejoignit un instant plus tard. Alors ils se figèrent, parfaitement immobiles.

— Nous sommes invisibles, annonça Mika à voix basse.

— Nous sommes indétectables, ajouta Osa qui pianotait sur son téléphone.

— Nous sommes protégés, complèta Adam.

— Nous sommes dans la merde, plaisanta Keii pour ajouter son grain de sel.

Elle réussit à leur arracher un sourire. Tous attendirent en observant les hommes en bas qui investissaient les lieux en braquant des torches et en se couvrant les uns les autres dans un vacarme terrible qu'ils oseraient appeler silence. Mika se demanda s'ils sentaient cette oppression légère qu'on pouvait avoir quand on entrait dans ces lieux importants sans y avoir été invité. Peut-être, peut-être pas. Pour lui, elle s'apparentait à de la peur et de l'excitation, et il avait mis longtemps à comprendre qu'il adorait cette sensation. Eux étaient surement tellement tendus qu'ils ne devaient pas y prêter attention.

— Ils sont partis, annonça une voix d'homme. Ils sont tous partis.

La réponse résonna assez fort dans son talkiewalkie pour que tout le monde l'entende.

— Trois-cents Déviants ? Partis ? Comme ça envolés en fumée avec tout leur barda ?

— Il y avait une porte de derrière... elle semble donner sur la brume répondit l'autre en l'observant. Mais nous avons vu les derniers d'entre eux y aller.

— Qu'est-ce que vous attendez ! Suivez-les ! 

— Dans la brume ? 

Il regardait la porte avec effroi. Personne ne bougeait autour de lui, mais Mika pouvait sentir la peur qu'elle provoquait sur eux.

— Ils ont placé des explosifs, murmura Osa en pointant son téléphone autour d'elle comme si elle cherchait un signal. Ils vont tout faire sauter.

Comme pour confirmer ses paroles, l'homme en bas annonçait que s'ils étaient planqués dans des sous-sols, ils allaient le regretter parce que l'explosion allait les pulvériser.

CALMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant