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La journée était encore loin d'être terminée, mais le soleil n'entrait pas dans la chambre qu'occupait l'équipe de Mika dans la Vieille Boite. Adam s'éveilla le premier. Il était de loin celui qui dormait le moins de toute la bande. Il jeta un coup d'œil à Fabio sur le lit d'à côté puis reprit le livre qu'il avait posé sur la table de nuit et se replongea dans ses pages. C'était une romance. Contrairement à Keii qui se jetait sur les ouvrages scientifiques, il ne lisait que des romans, peu importe le genre.

Fabio s'éveilla ensuite. Il resta un long moment couché sur son lit à écouter le souffle des gens de son équipe. Il jeta un coup d'œil vers Adam qui le salua d'un geste sans le regarder. Il le lui rendit en se demandant s'il avait dormi un peu ou s'il avait passé sa nuit à lire. Au bout d'un moment, il se redressa et prépara le café. En attendant qu'il soit prêt, il poussa une porte au fond et entra dans la salle de bain. Elle était à peu près intacte. Un vieux savon trainait sur le bord de l'évier. Il restait des serviettes dans l'armoire. Quelqu'un avait laissé des fringues. Quelqu'un qui avait plus les mensurations d'Osa que les siennes. Un gamin ? Il fit couler l'eau qui eut du mal à arriver. Ici, les canalisations faisaient du bruit, pas comme à la tour de verre.

Il attendit un peu et dut se résoudre. Il n'y avait pas d'eau chaude. Le contraire eut été étonnant. Alors il se lava à l'eau froide. Ça ne le gênait pas tant que ça.

Quand il revint dans la chambre, Ian et Keii étaient réveillés. Ian avait cédé sa chambre de luxe parce que Davan les avait lourdement taxées afin d'enrichir les Carliers Renégats. Tout le monde trouvait cela injuste, mais Ian était parti sans faire d'histoire. Il disait que c'était bête de rester seul là-bas alors qu'eux seraient ensemble. Il avait donc renoncé à son lit à baldaquin super confortable et dormait sur un lit minable coincé entre le canapé de Mika et la porte de la salle de bain. Pourtant, ça avait l'air de le rendre content...

En corset et culotte, allongée sur son lit, Keii lisait un de ses bouquins, l'air mal réveillé. Fabio se servit un café et lui en proposa un en venant s'assoir à côté d'elle. Elle s'était installée à côté de la bibliothèque que Ian avait déménagée avec lui et passait autant de temps que possible à lire.

— Dit, souffla Fabio en posant sa tasse sur un rayonnage. Parle-moi de quand tu étais humaine.

Elle le dévisagea, surprise.

— Pourquoi ?

— Parce que, je suis curieux.

Elle haussa les épaules et continua à lire.

— Je bossais pour l'OGRS, je sortais avec un conard, le second m'a plaquée, j'ai envoyé bouler le premier, c'est tout. Il n'y a rien d'autre à dire.

— Pourquoi tu as quitté l'OGRS ?

— Parce que c'est des cons.

Elle soupira.

— Je faisais des recherches sur la brume, je m'ennuyais, je ne savais plus quoi faire, j'étais tenue en échec. Je ne voulais pas continuer. C'est normal, non ?

— Mais tu aurais pu faire autre chose, d'autres études, pourquoi tout plaquer ? 

— Parce que j'ai mis mes affaires en ordre pour rentrer sur Terre. Je ne savais pas encore que c'était impossible.

— Déjà à l'époque ? s'étonna Mika d'une voix endormie.

— Oui. Ma solution, c'était le suicide... les MnMolochs c'était toujours mieux que d'en arriver là, conclut-elle.

Il hocha la tête.

— Dites, ajouta-t-elle en se levant, le sourire aux lèvres. Ça vous dit que je vous montre un truc cool ?

Elle brandit son livre, un obscur traité sur les fréquences de vibration. Mika émergea de son canapé et appuya son menton sur le dossier pour regarder dans sa direction, au-dessus de la mezzanine. Adam reposa son livre, curieux. Ian et Fabio se contentèrent de regarder. Elle se leva, attrapa ses lunettes sur la table de nuit et les enfila. Elle prit une seconde pour se concentrer en marmonnant des trucs puis une sorte de portail apparut en face d'elle.

— À l'abordage ! gueula-t-elle.

Elle se mit à courir et entra dans le portail... et disparut. Au même instant, elle retombait sur le canapé de Mika, apparaissant depuis le plafond.

— Eh ! applaudit Mika enthousiasmé même si le poids de la guerrière l'avait presque jeté hors de son canapé. C'est comme un Portal Gun ! 

— Sans le gun, approuva-t-elle. Qui veut essayer ? Ne répondez pas tous en même temps !

Quand Lee Tsu Hiko passa pour voir s'il y avait des volontaires pour jouer aux vigiles devant l'entrée, elle vit Mika et Ian tomber du plafond, disparaitre dans le sol pour tomber encore et encore de plus en plus vite pendant que Fabio mesurait le phénomène avec un accéléromètre sous la houlette de Keii et devant la parfaite indifférence d'Adam, plongé dans un roman.

— Quand vous en aurez assez de faire les idiots et de vous casser des trucs, faites-moi signe, capitula-t-elle. 

CALMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant