Avant ou maintenant ? (Tome 3)

3.4

Oh mon Dieu. Alors, j'ai toujours utilisé le rasoir ? Aka mon pire ennemi.

- Je... Oh mon dieu. La repousse d'un rasoir est cruelle !

Cameron explose de rire.

- Il ne te dérangeait pas jusqu'à aujourd'hui. Tu songeais depuis longtemps à te faire épiler ou à t'épiler toi-même. Mais tu n'as jamais eu le courage, dit-il. Ne t'inquiète pas. On prendra rendez-vous pour le mois prochain, il me rassure. Le temps que ça repousse, rit-il.

C'est marrant d'avoir une deuxième forêt vierge qui va pousser, n'est-ce pas ?

- Toi aussi tu te fais épiler ?

J'avoue que ça me ferait rire si c'est vrai. Il rigole et se racle la gorge.

- Non, répond-il.

- Alors pourquoi nous ? Je peux prendre rendez-vous toute seule, je dis sèchement.

- Très bien, alors. Tu pourras aussi trouver ton institut toute seule aussi ! S'exclame-t-il.

Se moque-t-il de moi ? Ou en a-t-il marre de moi ? Ce sujet de conversation est gênant. Je décide de passer à autre chose.

- Pourquoi suis-je autant fatiguée ?

Cameron me tend une pomme qu'il avait près de lui.

- Car tu n'as pas mangé ton fruit, sourit-il.

Je savais que j'allais y avoir le droit au « pas de dessert, pas de réponses à mes questions ». Je la déguste pendant qu'il me répond.

- Écoute, ce que je vais te dire n'est pas super mais... Il faut que tu le saches, dit-il.

Ma pomme est mangée en deux secondes. Je l'écoute attentivement. Cameron inspire profondément et se lance :

- Tu es malade.

Quoi ?

- Malade ? Comment ? Je demande.

- Tu as une pathologie, à vie. Une maladie avec qui tu te bats chaque jour. C'est le lupus.

Mon cœur se brise. Qu'est-ce que c'est ? Pourquoi moi ?

- Et donc... C'est pour ça que je suis fatiguée ?

- Oui, répond-il. Ce sont un des symptômes. Il y en a plusieurs et l'exposition au soleil peut te provoquer des plaques rouges sur le corps. Tu as souvent des migraines ou des courbatures. Et il ne faut pas que tu stresses.

C'est pire qu'un règlement et son programme alimentaire.

- Mmh... D'accord. Donc c'est pour ça que tu me colles tout le temps, je marmonne.

- Tu me trouves collant ? Je sais que tu n'aimes pas les mecs ainsi. Je veux juste prendre soin de toi, il me dit.

- Non, je ricane. C'est mignon.

Un petit silence s'installe. Cameron semble réfléchir à quelque choisi.

- Et tu peux mourir à tout moment, ajoute Cameron. Des fois, tu ne te sens pas très bien. Tu fais facilement des malaises aussi.

- Tout le monde peut mourir à tout moment, Cameron.

- Non. Toi, tu es là actuellement. Mais dans cinq minutes, peut-être pas.

Sa phrase me fait peur. Est-ce que cela est vrai ? Il va falloir que j'effectue des recherches sur internet.

- Pourquoi le docteur ne me l'a pas dit ? Je demande.

- Bon sang, Angela. Tu ne me crois pas sur ça ?

Je hausse les épaules. Je n'en sais rien, à vrai dire.

- Il m'a chargé de le faire moi-même, dit-il. Il va falloir que tu apprennes à me faire confiance, Angela. Je suis le seul à qui tu peux faire confiance.

J'en ai bien conscience qu'il va falloir. Je hoche lentement la tête à la place d'un oui. Je me lève d'un coup.

- Je vais me coucher.

Cameron me rassied en à peine une seconde. Ce mec est plus rapide que l'éclair. Il m'observe longuement. Trop longtemps à mon goût. Sa main vient se poser sur ma joue. Ce contact me donne la chair de poule. Que se passe-t-il ? Que me procure-t-il ?

- Laisse-moi t'embrasser, chuchote-t-il.

Ses lèves se rapprochent des miennes. Je me laisse faire ou pas ? Peut-être qu'en l'embrassant, je me rappellerai de lui ? Non, je ne peux pas. Je le repousse gentiment.

- Je ne peux pas, Cameron, je marmonne.

- D'accord. Ça viendra, dit-il en embrassant mon front.

Signe de protection ? On peut dire qu'il l'est. Le docteur avait raison. Cameron m'a convaincu en une journée déjà. La question est : est-ce que je vais retrouver la mémoire ? Et, est-ce que notre relation renaîtra un jour ?