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- Je n'aime pas les réseaux, Cameron, me lance-t-elle.

- Pourquoi ?

- Je trouve ça chiant de devoir se connecter tous les jours, voir les nouvelles, aimer et commenter des photos, partager sa vie. C'est vrai, après tout, pourquoi ? Et pour qui ? Tout le monde se fout de ce qu'on fait tous les jours.

J'adore son discours. Je suis amoureux de la façon qu'elle parle, comment elle prend la parole. Elle a raison. Mais moi, je n'ai pas le choix car c'est mon entreprise.

- Tu as raison quelque part, dis-je. Des fois, je fais des pauses. Mais je suis toujours obligé de revenir car c'est mon boulot.

- Tu crois que ça craint si je poste un message comme quoi que j'arrête tout ? Elle me demande.

Vous avez déjà vu une nana de vingt ans qui veut arrêter les réseaux sociaux ? Angela est toujours déterminée, je suppose qu'elle ne regrettera pas si elle fait ce choix.

- Non, je réponds. Au moins, tu es honnête.

Je comprends tout à fait ce qu'elle ressent. C'est tellement mieux de profiter de chaque instant soi-même que de le partager à tout le monde. Puis Angela n'est pas faite pour ce monde. Elle est très sérieuse et réservée. Et elle a horreur des célébrités et des magazines People. Manque de peau pour elle, son copain en est une. Angela sort son fils IPhone de sa pochette.

- Tu vas le faire maintenant ?

Elle lève les yeux de son cellulaire à moi.

- Oui.

- D'accord. Que vas-tu marquer ?

Elle arrête de marcher pour mieux se concentrer. Elle se mord la lèvre et réfléchit.

- Salut, tout le monde. Je pense que le monde serait mieux sans moi alors bye, propose-t-elle.

- Non.

- Quoi ?

- Tu ne dis pas ça, je ris.

- Pourquoi ?

- Parce que c'est hyper dépressif, je lui réponds. On dirait que tu veux mourir.

- J'ai été morte pendant deux mois, Cameron. Alors, je dois écrire quoi Mister Dallas ?

Ça me fait vraiment mal au cœur la première phrase qu'elle a sorti. Je croyais qu'elle était en licence de lettres !

- Salut, tout le monde. J'ai l'honneur de vous annoncer que je fais un break avec les réseaux sociaux pour me recentrer. Je vous aime, à bientôt, je cite.

- Une pause interminable ? Elle demande.

- C'est ce que je mettrais.

- Au pire, je ne vais rien mettre. Ça me saoule, souffle-t-elle en rangeant son portable.

- Non non ! Elles vont voir que tu ne te connectes plus. Et elles vont constamment me demander pourquoi. Alors, dis-leur. Comme ça, c'est fait.

Je ne veux pas gérer cette histoire. J'en ai déjà assez à m'occuper.

- Ok, alors trouvons un compromis.

On se planche sur son téléphone. Durant quelques secondes, on essaie des textes.

- Salut, tout le monde. J'espère que vous allez bien. J'ai le malheur de vous annoncer que je me déconnecte pendant un certain temps des réseaux par envie. Bonne nuit et faites de beaux rêves, je propose.

- Je mens en disant d'avoir le malheur de l'annoncer et pendant un certain temps.

- Il faut mentir et faire espérer dans le monde d'une star, chérie.

Angela explose de rire. Son fou rire est si fort qu'elle tousse.

- C'est vrai que tu t'y connais, toi.

Madame publie ce message et désinstalle tous ces réseaux sociaux. On compare nos écrans d'accueil.

- Waouh. Contrairement au mien, il est vide.

- J'aime le tri, elle sourit.

Nous reprenons notre marche. Je lui pose une question qui me ronge depuis la scène dans le dressing :

Avant ou maintenant ? (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant