20.3

5K 275 4
                                    

Je me souviens de mon docteur. Dr. Lafranque est un grand poivre et sel, de peau bronzée aux yeux bleus. Il approche de la cinquantaine mais il est bel homme. Tout d'abord, monsieur Lafranque m'ausculte comme une simple visite chez le docteur. Puis il me pose des questions sur mon alimentation ou mon sommeil que Cameron prend le plaisir de répondre à ma place.

- À quand remonte votre dernière crise, mademoiselle Smith ? Me demande mon docteur.

- Il y a... Commence Cameron.

Je lui coupe une énième fois la parole.

- Tu t'appelles Angela ? Tu as un lupus ? Je lui demande sèchement.

Mon regard le tue. C'est quoi son problème ? Je ne comprends pas pourquoi il agit comme cela des fois. Bizarre ? Le mot est petit. Il veut que je gagne au concours de qui parle le moins ? Je peux encore utiliser ma voix, merci ! Il me cherche depuis tout à l'heure. Qu'est-ce qu'il a ? Ou plutôt, ai-je fais quelque chose de mal ? Cameron succombe à mes yeux et baisse la tête. Encore gagnée.

- Elle date du 30 décembre, je réponds enfin.

Il note en m'interrogeant davantage :

- Vous avez cauchemardé juste avant ?

- Oui.

- Vous étiez bouillante après ? Votre tête tournait ?

- Oui beaucoup, je rétorque.

Le docteur ferme d'un claquement mon dossier de santé et dit :

- Merci pour ces informations, Angela et Cameron. Maintenant, passons aux examens.

Et c'est ce moment que je hais le plus. Ce moment où, tu es seulement avec une infirmière dans une pièce étroite et qu'elle te pique plusieurs fois le long de la veine du bras. Ce moment où, la personne en qui tu as besoin doit patienter dans les allées de l'hôpital en sirotant un café. Cameron n'a pas accès aux examens. Sa présence pourrait les foirer, apparemment. Même si, il m'embête depuis ce matin, j'ai besoin de lui là. J'ai besoin de ses mots rassurants et de ses tendres caresses. Mon sang se vide longuement dans des tubes, prêts à être examinés au laboratoire. J'ai de la chance de me rappeler de mon infirmière. Claire est superbe, elle sait comment me rassurer et me faire passer ce mauvais moment. À la fin de ces dizaines de piqûres, elle me donne un fameux bidon que je dois remplir d'urine durant quelques jours. Lorsque ce sera fini, je l'apporterai à mon laboratoire le plus proche. Ça non plus, je ne l'avais pas oublié. J'adore ma vie. Je l'enfonce vite dans mon sac. Heureusement que je n'avais pas trop de cahiers ! Il est tellement énorme ce bidon. Claire retire ses gants.

- Tu peux retrouver Cameron dans la salle d'attente. Le docteur va revenir vous voir, me sourit-elle.

- D'accord. Merci, infirmière.

- À bientôt, Angela.

À l'année prochaine, Claire. Sortie de la pièce, je repère les panneaux "salle d'attente". Ce ne serait pas le moment de me perdre ici. Et je ne veux pas rester ici d'ailleurs. Je veux rentrer ! Avec mes souvenirs les plus lointains, je parviens à trouver la salle. Cameron a deux boissons dans les mains. Je m'assois auprès de lui.

Avant ou maintenant ? (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant