Avant ou maintenant ? (Tome 3)

4.6

Elle boude, c'est évident. Pire qu'elle boude ! Elle veut ma mort. Je vois dans son regard. En revanche, elle a accepté car elle n'a pas le choix. Angela fait tout dans un sens. Étape par étape. J'ai très vite compris ce qu'elle voulait. Je vais l'en empêcher de partir d'ici. Je suis tenace. Cette fin de discussion est gênante. De toute façon, tout est gênant depuis qu'elle est revenue.

- Je suppose que tu ne veux pas qu'on regarde un album ? Je lui demande.

- Si. Il le faut, dit-elle.

Je me redresse et lui tends la main. Angela la saisit, après une énième hésitation. Main dans la main, on se dirige devant la baie vitrée.

- Assieds-toi, je lui ordonne.

Elle m'obéit. Pendant qu'elle observe la vue, j'ouvre les pancartes et pends l'album le plus vieux puis son journal intime. Je rejoins Angela en les posant devant nous. Elle inspire et expire une bonne fois. Et nous commençons. Durant une heure, nous feuille-t-on ce premier album quand Angela avait six ou huit ans. Qu'est-ce qu'elle est mignonne. On a aussi ouvert son journal. Je lui ai raconté qu'un jour, je lui avais volé pendant qu'on révisait. Elle un rigolé. Je lui ai aussi parlé de son violeur malheureusement et de nous. Angela m'a révélé - quand elle a vu une photo qu'elle a prise de moi quand je lui donnais des cours de conduite dans son journal - qu'elle a eu cette vision tout à l'heure, dans la voiture. Va-t-elle se rappeler au fur et à mesure ? En tout cas, cela me prouve que c'est possible qu'elle retrouve un peu la mémoire. Enfin bref, elle en sait beaucoup plus maintenant et semble satisfaite.

À présent, il est vingt heures. Nous sommes à table. Ce soir, j'ai fait un poulet basquaise. Angela a l'air d'adoré. Sa mine va mieux, au fait. Comme si elle ne veut plus me tuer mais moi poignarder gentiment. D'ailleurs, ce deuxième dîner est plus bavard. L'atmosphère s'est détendue.

- Et c'est toi qui fais le ménage ? Elle me demande.

- Oui, je lui réponds. Avant, on avait une domestique mais tu as arrêté son contrat car tu voulais qu'on retrouve plus d'intimité dans notre vie.

- Mmh, d'accord. J'admets que ce devait être chiant, non ? D'avoir toujours quelqu'un chez soi et avoir l'impression d'être espionné vingt-quatre heures sur vingt-quatre. De ne plus avoir de vie privée, quoi.

- Je ne vais pas te mentir oui, je souris.

La fin du dîner se passe tout aussi bien. Mieux qu'hier, malgré que tout à l'heure, elle me tuait des yeux. Se rend-elle peut-être compte qu'elle n'a pas le choix ? Que je suis tenace et que je n'abonnerais pas ? Et que je suis têtu comme elle ? Avant de dormir, je pénètre dans sa chambre. Angela est sur son téléphone. Je lui demande de me prendre dans ses bras et c'est ce qu'elle fait. Je suis outré qu'elle accepte. Depuis que je l'ai retrouvé, c'est tellement compliqué de l'avoir près de moi. J'ai toujours peur qu'elle refuse, surtout après ce que je lui ai imposé tout à l'heure. J'avais besoin de ça, ce soir. De l'avoir dans mes bras, de la sentir près de moi. L'étreinte dure trop longtemps pour Angela, car elle se retire à un moment. Même si ça n'a pas duré, ça m'a fait du bien. Elle me manque tant. Je l'aime. Quand je retourne au salon, je m'endors sur le canapé, le sourire débile aux lèvres.