L'HISTOIRE EST A CEUX QUI L'ECRIVENT (décembre 845) Hadulfo Ibsen

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Je tapote nerveusement la table du bout des doigts en me demandant si j'ai bien fait de venir ici

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Je tapote nerveusement la table du bout des doigts en me demandant si j'ai bien fait de venir ici. Après tout, il s'agit peut-être bien d'un piège. Ce militaire était peut-être brigadier et je prends le risque évident de finir mes jours dans un cachot abandonné, où on me causera un "accident" pour m'évincer. J'aurai dû prendre la peine de me déguiser un peu, pour avoir une longueur d'avance sur mes futurs... interlocuteurs. Mais je n'ai pas beaucoup d'argent et ma garde-robe se limite presque à ce que je porte sur le dos.

J'ai choisis une table à l'écart, dans un recoin abrité, qui me permet de garder un oeil sur la porte d'entrée. Les murs qui m'entourent me garantissent une discrétion absolue. J'en suis déjà à mon troisième café et ma bourse est presque vide. Sina... dans quel guêpier me suis-je engagé ?

Je me fustige moi-même de mon imprudence. Je n'aurais pas dû parler à cet homme étrange... Mais la joie de rencontrer une personne intéressée par le sujet qui a occupé presque toute ma vie m'a fait perdre le sens commun... Il semblait sincèrement intrigué par tout cela. Mais quand il a parlé de ramener quelqu'un avec lui, j'avoue avoir eu peur pour ma vie...

J'aurais pu ne pas venir ; mais me voilà. Si je suis réellement tombé sur un explorateur intègre, alors il reste une chance pour que tout ceci se finisse parfaitement bien. Mais je ne veux pas me créer de faux espoirs. Je vais attendre encore quelques minutes le temps de finir mon café, et si rien ne se passe, je m'en irais, voilà tout.

Au moment où je formule ce projet en pensée, la cloche de la porte se fait entendre et une petite silhouette sombre se présente. Je le reconnais. Le petit homme regarde autour de lui, s'arrête sur moi, et je hoche la tête de façon presque imperceptible. Il n'y a personne avec lui. Ouhla, cela sent les ennuis... Il ressort presque aussitôt et j'entends déjà la cavalcade des gardes dans la rue, prêts à me tomber dessus. Je m'oblige à rester assis mais des fourmis commencent à me monter le long des jambes... Je ne veux pas aller en prison... Pas comme ce bon vieux Jaco...

Je ferme les yeux deux secondes et quand je les rouvre, le petit homme est de retour, et se tient dans l'ombre d'un individu très grand, portant un chapeau et un imperméable très quelconques. Mince, ils n'ont pas l'air de militaires du tout... Je devine le regarde d'aigle du grand homme qui me transperce depuis l'autre bout de la salle, et le bruit des clients semble tout à coup moins fort ; comme si tout le monde retenait son souffle... Pourtant, personne ne regarde les deux nouveaux venus.

Ils se dirigent vers moi à grandes enjambées et je m'attends à présent à les entendre me dire mes droits avant de m'embarquer. Je ne le sens pas du tout, cette journée va finir dans le noir... Mais alors, le grand homme se penche un peu vers moi, me tend la main et m'annonce tout bas que lui, Erwin Smith, est ravi de faire ma connaissance, car son subordonné, le caporal Livaï, lui a longuement parlé de moi.

Je m'efforce de ne pas m'écrouler de soulagement sur ma chaise ! Toute cette tension est mauvaise pour mon pauvre coeur ! Je comprends alors que le petit homme - le caporal Livaï, le champion de l'armée humaine, qui aurait pu le croire ? - a voulu s'assurer que j'étais bien là et seul avant d'aller chercher son supérieur. Mesure de précaution. Ah, quelle idée j'ai eu de m'en faire ! Tout s'explique !

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 3 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant