L'EAU QUI MENE A LA MER(février 846)Hanji Zoe

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La nuit va bientôt tomber

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La nuit va bientôt tomber. On y voit plus qu'à quelques mètres. Mais j'ai fait beaucoup d'observations et je suis en mesure de poser une conclusion.

Ooh, je suis si déçue de devoir quitter mes chers titans ! J'aurai voulu en capturer un et le ramener... Mais ça aurait été difficile avec mes captureuses actuelles. Maintenant que je les ai vues à l'oeuvre, je crois savoir ce qu'il faudrait modifier afin qu'elles puissent... Enfin, je verrai ça plus tard !

Nous sifflons nos chevaux et remontons en selle. Je surveille le chargement des captureuses dans les chariots et note alors que mes hommes sont épuisés. Je ne les ai pas ménagés, il faut dire... J'ai toujours l'impression d'avoir plus d'énergie que les autres et plus de mal à la dépenser. Erwin descend gracieusement le long de la paroi de la tour vers sa monture et lève le pouce vers moi. Il a l'air satisfait ! Nous n'avons eu que trois blessés légers, c'est une réussite !

Je me laisse balloter par le rythme de la course et me remémore les évènements de la journée. Les petits titans ont en majorité peur de l'eau trop profonde ; ils doivent avoir un sens qui leur indique ce type de détail. Soit ils nous ignoraient totalement, soit il essayaient de nous atteindre en tendant les bras, mais à part le tout premier, aucun ne s'est risqué dans le fleuve. Les grands par contre... c'est moins évident. J'ai décelé cette peur de l'eau chez quelques grands spécimens qui avaient pied... C'est étrange. Mais de manière générale, ils n'ont pas trop hésité à nous attaquer. Leur difficulté à avancer dans l'eau est un atout indéniable. Erwin avait vu juste, cela pourrait être une bonne voie de sortie pour nous...

Aaah, si on pouvait sortir en ferry, j'aurais tout le temps d'observer les titans pendant le voyage ! Ce serait plus pratique qu'à cheval. Cela augmenterait le taux de survie aussi, c'est indéniable. Il faudrait juste construire une embarcation idéale pour nous permettre de voler et ce serait parfait. Quoique je doute que l'Etat accepterait de financer ça... Mais avec Erwin, on peut espérer.

Le terrain est presque désert. L'escouade de Livaï a anéanti tous les titans sur une vaste zone. Nous avançons au petit galop, tranquilles, sans que rien ne vienne nous arrêter. C'est étrange de se dire que cette ville autrefois si familière et grouillante de vie est abandonnée. L'humanité est si peu de choses... Elle est déjà réduite à vivre derrière des murs, mais même cette prison s'est encore rétrécie...

Je tourne la tête vers la droite et contemple le fleuve, dont le cours se perd dans les lointains, par-delà le Mur Maria. Evidemment, c'est une chose à laquelle tout le monde a déjà dû penser sans oser le dire à haute voix. Nous savons que les petits cours d'eau se jettent dans les plus grands, que leur cours est toujours dirigé vers une masse d'eau plus importante. Alors que penser de ce fleuve ? Vers quoi se dirige-t-il ? La mer, l'océan, tous ces trucs qu'on lit dans les bouquins interdits, ils sont vraiment à l'autre bout ? Erwin a l'air de le croire en tout cas. Je me dis bien qu'en empruntant la voie des eaux, il espère faire carton plein...

Je quitte mon escouade et me dirige vers Livaï qui chevauche non loin d'Erwin avec ses hommes. Je ne peux pas m'empêcher de lui faire un grand sourire. Tu vois, tout s'est bien passé ! J'avais le contrôle ! Même si tu as malencontreusement laissé passer un titan qui a failli nous bouffer, y a pas eu de gros bobo ! Dommage que tu n'aies pas pu voir, tu étais trop loin. Il me regarde en coin et pousse un soupir que je devine profond. Erwin, dis-lui que j'ai géré ! J'ai un carnet de notes rempli de trucs intéressants ! On verra ça une fois rentrés, hein ? Vous allez pas vous coucher tout de suite de toute façon, les deux insomniaques ?

Je n'en suis pas sûre mais je crois que j'entends Erwin pouffer de rire. C'est pas le genre de chose qu'il s'autorise devant les soldats mais là, y a peu de chance que qui que ce soit - à part Livaï et moi - l'ait vu ou entendu. Il a sa manière à lui de se marrer sans en avoir l'air... Il devrait l'apprendre au nain grincheux.

Nous arrivons à Rose. Je lève les yeux et remarque alors, cinquante mètres plus haut, des rangées de silhouettes qui nous observent depuis le chemin de ronde. Ils ont perdu leur journée à nous mater ?

Elle est bien bonne celle-là ! Et après c'est à nous qu'on reproche de gagner notre salaire à ne rien faire ?!

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 3 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant