IL FAUT TOUJOURS SUBIR POUR CHOISIR(avril 846)Livaï

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Bordel ! Pourquoi j'suis toujours le dernier au courant, c'est un complot ou quoi ?!

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Bordel ! Pourquoi j'suis toujours le dernier au courant, c'est un complot ou quoi ?!

J'arrive pas à me calmer depuis que le gros Mike m'a annoncé la nouvelle. J'ai compris pourquoi il y avait autant de civils dans la cour... Ca gueulait dans tous les coins mais y a pas eu de vandalisme. Ces gens ont autre chose en tête... Je me souviens de leurs yeux pleins d'espoir posés sur moi quand j'ai tracé jusqu'à l'aile du bataillon... Erwin doit bien savoir ce qui se passe et ce qu'il faut faire !

Je monte les escaliers à une vitesse folle jusqu'à son bureau, en espérant qu'il soit seul. Il faut absolument tirer ça au clair et je veux sa version ! Je peux pas croire que ce foutu gouvernement ait pris une décision aussi barrée ! J'ai pas eu le temps de lire l'affiche devant le QGR - y avait trop de monde devant - alors autant aller chercher mes infos à la source !

Arrivé devant la porte du bureau d'Erwin, je m'accorde quelques respirations pour essayer de me calmer mais j'y arrive pas... Y a un truc en moi qui arrête pas de sauter dans tous les coins et qui veut pas rester tranquille. Appuyé sur mes genoux, penché en avant, mon oeil reste fixé sur le trou de la serrure situé à un mètre de moi. J'écoute un peu mais je n'entends rien. Il est forcément là puisque je l'ai pas vu sortir... Allez, il faut me lancer. Si ce cauchemar doit être vrai, je préfère autant que ce soit lui qui me le confirme.

Je frappe pas et entre sans m'annoncer. Je fais le tour du bureau des yeux et ne voit personne. Mon coeur bat très vite d'un coup... Est-ce que... Merde, Erwin ! T'es où ? Il faut qu'on parle, putain ! J'me dirige vers la pièce qui lui sert de chambre et remarque alors sa silhouette assise dessus, un peu prostrée. Je m'approche un peu, sans dire un mot. Il a les coudes sur les genoux et le menton dans les mains ; il ne fait pas attention à moi on dirait. Ses yeux sont fermés et il paraît réfléchir. Mais il faut que je sache ! Erwin, regarde-moi s'il te plaît et dis-moi que ce sont des conneries ! On va pas réellement faire ça ?!

Il ouvre enfin les yeux et les pose sur moi, avec une expression indéfinissable. Le connaissant, il pourrait tout autant être dans une colère contenu qu'une froide indifférence. Les émotions les plus vives sont celles qu'on détecte le moins chez lui. J'attends qu'il se lève, et lorsqu'il le fait enfin, c'est là aussi sans me lâcher un seul mot. Erwin, parle-moi, dis-moi que c'est pas vrai... On va pas faire ça ?! Tu sais que c'est n'importe quoi et que ça changera rien !

On revient dans son bureau. Il y a une bouteille de vin posée dessus. Attends, laisse-moi deviner. Tu es allé voir Zackley ? Il approuve de la tête et m'informe qu'il lui a offert cette bouteille après leur entretien. Il se fout de la gueule de qui, sérieux ? Je l'attrape par le goulot et m'apprête à la lancer dans la pièce mais Erwin me l'arrache des mains pour la reposer dans un coin. J'ai besoin de me passer les nerfs ! Maintenant, parle-moi ! Tu l'as envoyé se faire chier, j'espère !? Faut pas te laisser marcher sur les pieds ! Il est hors de question qu'on suive ce plan !

Erwin s'assoit derrière son bureau comme il le fait tous les jours et commence à ranger ses papiers du matin. Il garde soigneusement les yeux baissés pour ne plus croiser mon regard mais je vais pas le lâcher. Je veux des réponses ! Qu'est-ce qu'il ta dit ? Et tu lui a dis quoi, toi ? T'es bien d'accord, cette opération est impossible à mener !

Il prononce un "je sais" fatigué. Enfin ! Je me demandais si j'étais vraiment dans cette pièce en train de gueuler ! Erwin, on peut pas mener ce projet à son terme, on va tous se faire tuer avec ces civils ! Il glisse enfin un regard vers moi et je sens un abattement profond s'exprimer à travers lui. J'ai peur de comprendre... Tu... tu as pas accepté ? Dis-moi, t'as pas fait ça ?

Il me fait signe de me calmer de la main, et ce simple geste a pour effet de ralentir ma respiration et les battements de mon coeur. Il me dit que pour l'instant, il n'a pas décidé quoi que ce soit ; mais que dans l'état actuel des choses, il doit tenir une réunion stratégique afin de déterminer ce que nous en pensons tous. Tu sais ce que j'en pense ! C'est non, point final ! J'irais pas me faire bouffer avec tous ces gens pour une cause perdue ! Pourquoi tu hésites tant ? Dis-leur que tu refuses et ça s'arrête là !

Il se mord les lèvres et m'annonce que je ne sais pas tout sur les détails. Que cette opération est un ordre qu'on nous impose, au lieu de quoi... le bataillon sera détruit et tous ses membres démis de leurs fonctions dans l'armée. Je pose mes mains sur le bureau en crispant mes doigts sur le bois... Les enfoirés... Evidemment, j'aurais du m'en douter !... T'as bien compris ce qui se passe, je suppose ? Ils veulent se débarrasser de tous les gêneurs en un coup ! Les civils "de trop" et le bataillon de rebelles que nous formons !

Il hoche la tête en prenant une de mes mains pour la porter sous son menton. Quel geste étrange... Hé, Erwin ! Ca va ?... Arrête de regarder mes doigts et dis-moi si je me trompe. Quoiqu'on décide, on sera perdants, c'est ça ? Soit le démantèlement et l'avenir de tous ces soldats gâché, soit la mort face aux titans dans l'exercice de notre devoir ! Tu parles d'un choix ! Ouais, ils nous ont bien baisés !

Erwin reste encore un moment à méditer sur ma main avant de la lâcher et de me demander si je compte suivre sa décision. Je sais pas, c'est... jamais j'aurais imaginé un coup bas pareil ! Erwin rétorque que c'est en partie de sa faute car c'est son dernier rapport qui leur a inspiré cette idée désastreuse. Te lamente pas, t'y es pour rien, ils sont juste prêts à tout pour se débarrasser de nous. C'sont tous des enfoirés ! Ecoute, je... si t'as un plan au poil pour faire en sorte que ça se passe du mieux possible, je suis avec toi, mais... Vraiment, réfléchis bien ! Il y aura des milliers de gens à traîner derrière nous ! C'est quasiment impossible que ça se passe bien ! Mais je sais qu'avec toi, tout peut arriver alors... je te fais confiance... même si je le sens toujours pas !

Erwin me sourit tristement et me remercie. T'as pas besoin... évidemment que je serais avec toi... Il faut... plancher sur une formation sans faille ! Et il y a aussi les civils en bas qui demandent des nouvelles ! Il faut bien leur en donner ! Erwin m'ordonne alors de laisser nos subordonnés orienter les gens afin de leur faire comprendre ce qui risque de se passer si le bataillon entre en campagne. De même, il faudra qu'ils s'occupent de l'intégration des soldats des autres régiments qui vont nous rejoindre. Des renforts ? Et ben, c'est au moins ça... Espérons qu'ils nous gênerons pas !

J'dois en déduire que... t'as déjà pris ta décision ? C'est irrévocable ? Il répond qu'il n'est pas encore sûr mais que la nuit lui portera conseil. Je me doute bien que tu dormiras pas ; aucun d'entre nous, je crois... Merde, il va falloir penser à tant de choses !... Je me dirige vers la porte. Je vais donner les ordres à mon escouade et je reviens pour la réunion. J'irai chercher Mike et la bigleuse en même temps.

Oui, il faut vraiment qu'on en parle tous ensemble...

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 3 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant