ÊTRE POLI COÛTE PEU ET ACHETE TOUT(octobre 845)Livaï

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On est tous rassemblés dans une immense salle encombrée d'une table interminable dressée pour le repas

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On est tous rassemblés dans une immense salle encombrée d'une table interminable dressée pour le repas. Je remarque déjà que des groupes se forment. Même si j'ai donné l'impression de me foutre royalement de tout ce qui se passait, j'ai vite compris que des factions se bouffaient le nez à cette réception. Des domestiques nous mènent aux chaises qui nous sont réservées et je constate avec soulagement que je suis à côté d'Erwin ; j'avais pas du tout envie de me retrouver isolé. Cette femme que j'aime pas trop se retrouve à ma droite, et, comme Erwin me jette un regard insistant, je me résous à déplacer sa chaise pour qu'elle puisse s'assoir, comme il me l'a appris, avant de me poser à mon tour.

En face de nous s'étale une belle brochette de richards qui nous regardent avec méchanceté. S'ils veulent jouer à ce jeu, je peux participer. Tirer la tronche toute la soirée, c'est dans mes cordes. Il y'en a surtout un, juste à ma hauteur, qui a un air tout à fait détestable. Je sais pas vraiment ce que c'est, mais toute sa personne me donne envie de rester très loin... Ses yeux bleus froids, sa coupe de fils à papa, et cette cicatrice en forme de croix qui lui barre le front, tout est déplaisant. Quand il me regarde, j'ai l'impression d'être un animal amusant dont on attend qu'il fasse des galipettes...

Erwin m'a soufflé quelques noms dont il se souvenait pour que je sois pas paumé. Et celui-ci fait partie des gens dont il m'a dit de me méfier. Gisbert Fritz, un neveu du roi, un prince comme on dit, très opposé au bataillon et aux explorations. A éviter au maximum, même si dans cette situation, il faut savoir rester poli et répondre aux questions sans s'énerver. Il a pas intérêt à me parler, sinon je risque de déraper. J'aperçois Monsieur Moustache, qu'on a vu tout à l'heure, qui s'installe au bout de la rangée.

Tabea, qui est juste à côté de moi, essaie d'être aimable en me montrant comment déplier ma serviette. Je sais faire, merci. Elle imagine réellement que j'ai aucune manière ; j'en ai pas beaucoup, c'est vrai, mais Erwin m'a montré les bases. Le carré de tissu blanc se trouve bientôt déployé sur mes genoux et j'attends la suite des évènements. J'ai bien compris qu'on allait manger. J'ai fait en sorte d'avoir faim pour aujourd'hui, mais mon estomac est un peu noué, j'espère que ce sera pas trop long...

Zackley prend place à son tour en bout de table, ainsi tout le monde peut le voir. On dirait qu'il s'apprête à juger chacun d'entre nous... Il paraît que c'est un peu son boulot, si j'en crois Erwin ; il s'occupe des cas de délits, manquements, fautes ou crimes liés de près ou de loin à l'armée. L'ambiance n'est pas si éloignée de celle d'un tribunal, en tout cas de mon point de vue...

Je baisse les yeux et remarque une profusion de couverts dont je ne connais pas l'utilité. Je reconnais la fourchette, le couteau et la cuillère, mais je me demande à quoi servent les autres. Faudra que je demande discrètement à Erwin si je veux pas avoir l'air con. Je me rends compte que le moindre faux pas n'échappera pas à nos voisins d'en face.

Zackley se lève avec son verre et je vois que tout le monde fait pareil. Erwin aussi, et je comprends que c'est ce qu'on appelle un "toast". Une tradition bizarre. Je le fais à mon tour et Zackley nous sert un petit discours sur la nécessité d'unir toutes nos forces contre la menace des titans, tout en oubliant pas de prendre du bon temps quand c'est possible. Ouais, un discours adapté à toutes les susceptibilités ; plutôt futé. Tout le monde se rassoit après avoir avalé quelques gorgées de vin.

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 3 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant