LA LIBERTE COMMENCE OU FINIT L'IGNORANCE(février 846)Sofie Maja

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La diligence me dépose devant le QGR, et je descends le marchepied en me dérouillant le dos

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La diligence me dépose devant le QGR, et je descends le marchepied en me dérouillant le dos. Ouhlà, je suis toute courbaturée par le voyage ! J'ai pas l'habitude d'utiliser ces trucs-là, je préfère nos bons vieux chariots !

Comment ça se présente par ici ? C'est plutôt calme, je vois personne dans la cour. Où sont donc tous les soldats ? Il me semble entendre des bruits de jets de gaz mais... où sont-ils ? Je lève les yeux et j'aperçois enfin l'origine du bruit.

Au-dessus du toit est, je distingue des reflets de soleil sur du métal et des câbles se tendent au-dessus de ma tête. Des silhouettes élancées et gracieuses jettent leur ombre sur moi avant de repartir vers un autre sommet du QGR ! Tu vas pas me dire que... Mais si, j'entends très clairement la voix d'Hanji ! Je cours après eux pour essayer de me faire remarquer mais ils virevoltent de nouveau. Je crois la repérer en tête d'autres jeunes explorateurs que je ne connais pas. Mais à quoi ça rime ? Ils risquent de se tuer en se fracassant contre un de ces murs !

J'ai à peine formulé cette inquiétude qu'un nouveau jet de gaz explose derrière moi. Un autre soldat, si rapide que je ne le vois pas, se jette à la poursuite du groupe d'Hanji et le rattrape vite. Ma copine se débine en riant à gorge déployée et la chasse reprend. Un de ses acolytes s'arrête cependant et vient poser pied à terre, essoufflé, les joues en feu. Je me dirige vers lui et lui demande ce qui se passe.

Il m'informe que le capitaine Hanji s'est mise en tête de leur apprendre comment voler en pleine ville car cela leur serait sans doute utile plus tard, mais que le major s'y est opposé. Alors que font-ils là-haut ? Elle a désobéi ? Il me répond qu'elle lui a juste demandé quelques minutes de plus et qu'elle promettait après ça de rentrer gentiment au bercail. Mais le caporal Livaï n'a pas apprécié et s'est mis en tête de la ramener au sol lui-même. Je vois ! Les vétérans se disputent, quoi ! Si jamais il la chope, elle va le sentir passer... Ca explique pourquoi elle va si vite, elle a peur pour sa vie ! Les autres dissidents qui la suivaient abandonnent à leur tour la partie et je me dis que ça va bientôt se terminer.

Je m'assois sur une marche en gardant le nez en l'air, à peine amusée par le spectacle. C'est pas tout ça mais je suis venue prendre des nouvelles de mes machines, moi, j'ai pas toute la journée ! Vous redescendez ? Après quelques voltes de plus, je remarque que Hanji semble rendre les armes. Elle tend les mains devant elle pour calmer le caporal furieux suspendu à un angle, et je devine qu'il la fusille du regard. Il menace de couper son câble et elle finit par redescendre d'elle-même. C'est plus prudent. Je serais pas super à l'aise en compagnie de ce petit homme-là...

Ils reviennent vers le bâtiment, Hanji l'air penaud et le caporal la surveillant de près. Une fois assez proches, j'entends ce qu'ils disent. Hanji assure qu'elle avait l'intention de s'arrêter dans quelques minutes et le petit grincheux au visage sombre lui rétorque sèchement que les ordres du major sont prioritaires et doivent être exécutés sur le champ. Elle râle encore un peu, prétextant que ces exercices pourraient s'avérer utiles si les titans envahissent un jour une autre ville, et le caporal lui dit d'arrêter ses bêtises car cela n'arrivera pas, à moins qu'elle les fasse entrer elle-même.

Euh, je voudrais pas m'en mêler mais... Hanji me remarque enfin. Je lui fais un signe de la main et elle s'apprête à me rejoindre quand le caporal la saisit par l'oreille - du bout du doigt, comme s'il avait peur de se salir - et l'oblige impérieusement à le suivre dans le bureau du major. Héé, attendez, je suis venue pour quelque chose, moi ! Vous pouvez pas simplement m'ignorer ! Hanji me supplie du regard de la sortir de là, et je me creuse la tête pour arranger nos affaires.

Ecoutez, caporal, je veux pas m'engueuler avec vous, je compte pas mourir si jeune. Mais si vous me laissez une petite heure avec Hanji, ça me suffira. Je veux juste un compte-rendu ! Ensuite, vous pourrez faire d'elle ce qui vous plaira - je lance un clin d'oeil à ma copine outrée -, je m'y opposerais pas ! Je jure sur l'honneur de ma guilde !

Le caporal semble peser la proposition, puis libère Hanji de sa prise de rapace. Il nous accorde quelques minutes, et affirme qu'il attendra pas loin pour s'assurer que Hanji se carapate pas. Bon, on se dépêche, ma grande ! Comment se sont comporté mes bébés ?

Elle me décrit tout le processus - en gardant un oeil larmoyant sur le caporal énervé qui l'attend dans un coin et en se frottant l'oreille - et je note tout dans un coin de ma tête. Je vois, il y a des trucs que je peux modifier ! En fait, j'y ai pensé la veille de votre départ. C'est toujours comme ça, les idées me viennent au dernier moment ! Maintenant qu'on sait que le système fonctionne, je peux l'adapter pour de plus gros gabarits. Il faut juste multiplier le procédé. Evidemment, ce sera plus cher, mais c'est à toi de me dire si ça vaut le coup.

Elle hoche la tête frénétiquement, visiblement excitée par l'idée, tout en continuant de transpirer en sentant le regard du petit homme planté dans son dos. Ok, donc c'est dit, tu passes commande pour une autre version plus grosse ? Tu devrais pas demander à ton supérieur d'abord ? La voix du caporal nous parvient de loin et annonce que c'est justement le moment idéal pour monter le voir. Aïe... Pourquoi faut toujours que tu mettes tout le monde en rogne ? Ca arrange pas nos affaires !

Elle se gratte la tête d'un air désolé et me demande enfin si je m'y connais en ingénierie navale. Non, pourquoi ? Vous avez un autre projet en vue ? Elle en dit pas plus mais voudrait savoir si je connais des ingénieurs pas chers qui accepteraient de faire des "petites" modifications sur un ferry. Je te connais, "petit" chez toi, ça existe pas. La guilde n'est pas en contact direct avec ce type de métier, mais je crois qu'on a déjà fabriqué quelques pièces à cet usage. J'en parlerai à papa ! Ben, je file alors ! J'ai du boulot qui m'attend en ville, des commandes à prendre !

Elle se traîne presque sur le sol et essaie d'agripper ma cheville en me suppliant de la sortir de là. Je zieute un moment le caporal à l'air menaçant qui se rapproche doucement en faisant craquer ses phalanges, et je me dis qu'il faut prendre une décision rapide. Je dégage ma jambe et sautille en arrière vers la rue en levant les mains dans un geste d'impuissance. Désolée, ma grande, je veux pas d'ennui ! Je suis pas exploratrice, même pas militaire, j'ai pas mon mot à dire ! Tu t'es mise dans cette situation, il faut assumer maintenant ! Moi, j'assume juste le travail d'assemblage ; le sauvetage, c'est pas mon rayon, hé ! Allez, redresse-toi et affronte ça comme un homme ! Enfin, tu vois ce que je veux dire... On se revoit bientôt ! Mais si enfin, ils ont trop besoin de toi, ils vont pas te tuer ! Quelques jours de gnouf peut-être...

Tandis que je m'éloigne, j'entends Hanji gémir de désespoir et je devine que le caporal l'a de nouveau attrapée par l'oreille. La vache, ça doit faire si mal...

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 3 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant