(LISEZ LES TOMES 1 et 2 AVANT !!)
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue.
Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a f...
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Je pose la plume et me frotte les yeux. Mon dos me fait moins mal mais je dois m'étirer régulièrement pour pas risquer de finir bloqué. Ce serait la merde si ça arrivait. Mais le pire, ce serait que notre stratagème soit découvert. J'crois que Nadja se doute de quelque chose mais elle est intelligente : si je dis rien, elle doit se douter qu'il vaut mieux pas en parler.
J'en reviens toujours pas de la tonne de papiers qu'Erwin doit gérer au quotidien. Je comprends mieux pourquoi il sort presque jamais. C'est pas bon pour un explorateur de pas respirer le bon air ; et il manque d'entraînement. J'espère qu'il sera en forme pour la prochaine sortie, grâce à ses vacances.
Je range la pile de documents signés d'un côté et place les autres dans le tiroir pour qu'il les lise et y réponde plus tard. Je me suis occupé de tous les trucs sans trop d'importance afin qu'il perde pas de temps, en évitant aussi de trop écrire à sa place pour pas que quelqu'un remarque la différence. Y a tant de chose diverses... Des invitations à des réceptions, à des entretiens, à des soirées mondaines - bon sang, est-ce que je dois cacher ça ?! -, des nouveaux profils pour le bataillon ; même des lettres de remerciement ou d'admirateurs du régiment. Y en a des très... enflammées. Il m'arrive aussi d'y être mentionné personnellement, c'est un peu gênant... Je me demande quelle tête il tire en lisant ces trucs. Ca doit le faire marrer, il se les garde peut-être à lire avant de se coucher.
Je dois me prendre une pause, là. Je me lève de l'énorme fauteuil, et me dirige vers la théière. Le thé est tiède mais ça ira bien comme ça. J'évite de faire trop d'aller-retours pour pas qu'on se pose de questions. Cette pièce est presque devenue comme une partie de moi-même maintenant ; sa salle de bain m'a été très utile et agréable en tout cas... J'ai fait le ménage à fond hier et je pense que ça restera assez propre jusqu'à ce qu'il revienne. J'ai aussi aménagé le débarras pour en faire une salle de réunion tactique pour nous quatre, comme il le voulait. Y avait des araignées partout, mais elle est briquée de haut en bas maintenant.
Je sirote mon thé et me laisse tomber dans le sofa. J'arrive à peine à me débarrasser de cette faiblesse qui m'accable depuis quelques jours. Quand Gratia a mit le doigt dessus, ça m'a fait mal, je pensais me faire des idées. En me regardant dans le miroir d'Erwin, je me suis vraiment trouvé une sale tête... Je ressemblais à un fantôme. Je me suis forcé à manger et à dormir, et je crois me sentir un peu mieux. Ces médocs m'ont donné un coup de fouet. Je devais avoir une carence en quelque chose. J'ai juste l'impression d'être... déprimé.
Le premier jour après mon retour, ça allait bien, j'avais des idées plein la tête et envie de montrer à Erwin ce dont on était capables tous les trois. Le deuxième jour, ça allait aussi, je me suis mis au boulot et j'ai pris mes marques dans son bureau en essayant d'esquiver les questions et visites gênantes. Mais à partir du troisième, j'ai commencé à pas aller bien. J'avais des sueurs froides bizarres, et mes muscles me semblaient tout noués... J'écrivais et lisais sans arrêt, et quand quelqu'un rentrait pour demander à voir le major, je devais à chaque fois inventer des trucs pour que ça ait pas l'air trop suspect.
Le quatrième jour a été le pire. Je me suis endormi dans la buanderie tellement j'étais crevé et une des recrues m'a trouvé. La honte... Quand on m'a demandé mon aide pour décharger un truc dans la réserve, j'y suis allé en traînant les pieds et j'ai tenté le coup ; mais j'ai su avant même d'essayer que j'arriverai pas à bouger cette caisse. Je me sentais sans force, totalement sans défense, et j'ai dû prendre sur moi pour pas montrer à quel point ça me faisait peur. Je les ai plantés sur place et je me suis tiré en douce. J'avais envie de voir personne.
Puis je suis passé à l'hôpital et le verdict de Gratia m'a achevé. Même si elle paraissait pas super alarmée non plus, je me rendais bien compte qu'un truc bizarre se passait dans mon corps. J'ai fait genre que je m'en fichais, mais quand on a testé ma force, je pouvais plus trop faire semblant. J'ai suivi le traitement qu'elle m'a prescrit et je crois avoir retrouvé un peu ma forme. Mais y a un moyen de le savoir...
Je me dirige vers le bureau, remonte mes manches et l'attrape par un coin. C'est un meuble massif hyper lourd, et je ne l'ai encore jamais soulevé, mais... Je tire sur mes bras et il décolle du sol de quelques centimètres. Je le soulève encore et constate que mes muscles protestent encore un peu, mais j'ai presque retrouvé ma force d'avant. C'est tellement flippant d'imaginer mon corps me lâcher comme ça. J'suis tellement habitué, j'y faisais même plus attention... Et pourquoi ? Apparemment, je suis pas malade.
Erwin, je veux que tu reviennes, bordel. Toi, tu saurais ce que j'ai...
Pendant que cette pensée me traverse la tête, j'entends la porte claquer derrière moi. Je me retourne en reposant doucement le bureau par terre et me retrouve nez à nez avec Nile Dork, alias Monsieur Moustache. Il m'observe avec l'air stupide et me demande ce que je suis en train de faire. Des exercices, pour garder la forme ; y a pas assez de place ici pour faire autre chose que soulever ce bureau. Pourquoi je ne sors pas ? qu'il demande ; il fait beau aujourd'hui. Erwin m'a mis de garde dans son bureau jusqu'à ce qu'il revienne, je veux pas risquer de louper des trucs importants.
Je louche sur les documents qu'il a en main et me rassois derrière le bureau en croisant les doigts sous mon menton d'un air important. Encore du boulot... et j'en ai pas fini, je sais qu'on va m'en apporter d'autres bientôt. Sérieux, Erwin, je comprends mieux la vie que tu mènes et je m'en veux de m'être moqué de ça... Bon, Dork, tu veux quoi ? Parler à Erwin, qu'il répond. Pas possible, il sera pas là jusqu'à ce soir. A moins que tu veuilles faire le pied de grue devant sa piaule jusqu'à la nuit tombée, il vaudrait mieux que tu me dises ce que tu lui veux. Je passerai le mot.
Il se met à arpenter la pièce, en observant quelques détails, le lit bien fait dans la chambre derrière par exemple, et renifle l'air comme si l'odeur de propre était dérangeante. Puis il se plante devant moi et me fixe pendant un moment sans dire un mot. Quoi, j'ai un truc sur le nez ? Il annonce enfin que cela fait un moment qu'il n'a pas vu Erwin dans les parages et qu'il commence à s'interroger. T'occupe, il fait son boulot ; moi, je l'aide, c'est tout. Il n'a pas de secrets pour moi, Moustache. Alors tu craches ce que t'as à lui dire ou bien tu me laisses reprendre mes petites affaires.
Je vois son front rougir et je l'imagine très bien fulminer à l'intérieur. Arrête de paniquer, il sera peut-être disponible demain. Si tu veux revenir, pas de problème. Il baisse les bras et me répond qu'il repassera. Parfait. Oublie pas de refermer en sortant. Il claque la porte sans ménagement et je me dis bon débarras. Je m'appuie au dossier du fauteuil et regarde en l'air. Même en plein jour, cette pièce n'est pas très claire. Faudrait peut-être la repeindre... et mettre des rideaux moins épais... Je suis quasiment obligé de me calfeutrer là-dedans pour éviter qu'on m'y voie trop souvent. J'utilise trop de bougies aussi, et la fumée a tendance à se répandre partout. Erwin risque bien de s'intoxiquer par accident un de ces quatre.
On suffoque ici. Je vais ouvrir une fenêtre et laisse quelques rayons pénétrer dans la pièce. L'air frais me fait du bien et j'entends les sons de la vie quotidienne dans la cour. Je vais laisser entrouvert et me remettre au travail. J'ai encore une pile de feuilles à vérifier. Ca va faire une semaine que j'ai pas volé et l'envie de m'élancer sur les toits depuis sa fenêtre me saisit brusquement... A-t-il déjà ressenti ça lui aussi, devant cette même fenêtre ? L'envie de décoller et de laisser la paperasse pour plus tard ? Oh putain, moi, ça me travaille... Mais je dois rester et faire le boulot, je l'ai promis. Je retournerai à l'entraînement quand il sera revenu. Demain peut-être... En fait, ça m'emmerde de pas savoir...