ABSENTS LES CHATS, LES SOURIS DANSENT (décembre 845) Livaï

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Les rues de la capitale sont aussi ennuyeuses qu'à l'ordinaire

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Les rues de la capitale sont aussi ennuyeuses qu'à l'ordinaire. Ca nous a pris la moitié de la journée pour venir ici et je me doute bien qu'on va encore devoir crécher chez les bourges pour la nuit. Enfin, je peux pas en vouloir à Erwin, il m'a pas forcé à venir cette fois.

Il a eu beau m'expliquer que la réunion se tenait entre leaders, que je ne serais pas autorisé à y assister, qu'on ne me laisserait même pas entrer dans l'enceinte royale, j'ai pas hésité longtemps à m'imposer pour le voyage. Déjà parce que l'idée de le laisser pénétrer seul dans ce nid de vipères infesté d'ennemis du bataillon me plaisait pas du tout, mais aussi à cause de la binoclarde. J'ai bien grillé son petit manège des derniers jours et je sais qu'elle prévoit un truc pour la fin d'année, un genre de fête stupide. Elle m'aurait réquisitionné pour la journée pour mettre en place ses idées folles et j'étais prêt à tout pour échapper à ça.

Erwin ne me parle pas beaucoup depuis le début du voyage, sûrement occupé à récapituler en pensée ce qu'il va dire à ses collègues. J'ai pas encore la prétention de pouvoir lire dans sa tête, mais je me doute qu'il angoisse. Il le montre pas, évidemment. Parfois, je me dis qu'il préfèrerait se couper un bras plutôt que de nous révéler ses tracas. Alors c'est moi qui fait la conversation. Il arrête pas de me couper pour me rappeler que je serais obligé de rester dehors et que cela l'embête. T'inquiète pas, je ferais du tourisme. Je trouverais bien un truc à faire. Mais je t'accompagne jusqu'au bout, on sait jamais.

On est presque arrivé, j'aperçois la seconde enceinte de la capitale en me penchant par la fenêtre. A partir de là, c'est le territoire royal, personne ne peut y entrer sans être quelqu'un d'important. Si j'en crois les gros titres, je fais partie de ce genre de personnes maintenant. Si on me l'avait dit quelques années plus tôt, je me serais bien marré... Je me doute bien que mon statut ne me donnera pas le droit de passage. Alors je répète mes conseils à Erwin pour la forme : fais gaffe à ce que tu bois, à ce que tu manges ; évite les couloirs déserts, méfie-toi de tout le monde. Ouais, tu sais tout ça évidemment, mais ça me calme de le redire. Ils vont te juger, ces snobs, ils attendent que tu te plantes, alors...

Il répond que Moustache et Pixis sont des types réglos et qu'il n'a pas à s'en inquiéter. Ils seront peut-être pas seuls dans le coin. Et tu as dis toi-même que tu sentais pas trop Zackley. Moi non plus, d'ailleurs. Le roi crèche là. Ce qui signifie que tu peux tomber sur des types pas recommandables du genre que tu sais. Même sur des corbacs, alors gaffe à tes fesses.

Mes recommandations sont inutiles, il est déjà paré. Et puis de toute façon, on doit descendre.

La diligence s'immobilise et Erwin descend lentement en faisant un peu pencher le véhicule. Il présente ses papiers aux gardes qui se trouvent devant l'enceinte, et ils s'écartent pour le laisser passer. Ok, j'ai pas envie de me faire humilier, mais après tout... Je sors aussi mes papiers et les soldats les examinent avec sérieux. Sur la gueule du plus jeune, je vois apparaître une expression émerveillée et j'ai pas de mal à croire que si ça avait tenu qu'à lui, il m'aurait laissé passer. Mais l'autre me refoule avec respect en m'informant que je ne peux aller plus loin. Relax, les gars, je le savais, j'ai juste tenté le coup.

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 3 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant