LE TREIZIEME MAJOR (novembre 845) Nadja Rosewitha

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Ne relâchez pas votre attention, ces collines ne me disent rien qui vaille !

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Ne relâchez pas votre attention, ces collines ne me disent rien qui vaille !

Erd et Gunther se dressent sur leurs étriers pour tenter de voir au loin, et mes craintes se concrétisent alors : quatre titans dévalent les pentes dans notre direction, à grande vitesse. Ils se dirigent droit sur le centre de la file et je décide immédiatement que nous devons les arrêter ; il est trop tard pour changer de cap. Il doit y avoir au moins un déviant parmi eux si j'en juge par leurs mouvements. J'hésite une seconde à aller informer le caporal-chef...

Mais je crois que nous pouvons le faire. Ils sont quatre et nous aussi. Si nous, l'élite, ne pouvons pas nous en charger, alors à quoi servons-nous ?

Je lance un coup d'oeil à Claus qui me fait signe qu'il a compris. Nous nous plaçons de chaque côté d'Erd et Gunther et leur indiquons que nous passons en phase d'attaque. Gunther pousse un cri de guerre farouche, se lève sur sa selle et nous galopons quatre de front face à nos ennemis afin de les intercepter. L'excitation habituelle me saisit de nouveau. Les sentir à côté de moi, vibrer de concert dans l'attente de l'impact, est incroyablement exaltant !

Erd et Gunther décollent en premier afin de détourner l'attention des titans sur eux. Leurs grosses têtes stupides aux yeux globuleux se tournent dans tous les sens, leurs mains maladroites se tendent vainement pour les saisir ; nos camarades esquivent avec grâce les doigts gigantesques et continuent de volter autour d'eux tandis que Claus et moi cherchons leurs tendons. Toujours à cheval, nous sectionnons les muscles des pieds de deux d'entre eux qui tombent en avant. Les autres s'étalent sur eux, mais le déviant se redresse vite. Il roule sur lui-même et fouette l'air de ses ongles griffus. Il déchire la cape de Gunther et mon coeur manque un battement...

Claus crie après moi et je retrouve mes esprits. Gunther n'a rien ; nous nous occuperons de ce déviant en dernier. Les trois autres s'empêtrent les membres les uns dans les autres et j'ai du mal à voir leur nuque. Je sais que leurs muscles se reformeront dans peu de temps, il faut agir vite. Claus et moi plantons nos câbles chacun sur une épaule et croisons nos quatre lames sur la nuque du premier. C'est une technique de mise à mort que nous avons longuement peaufinée et elle porte ses fruits ! Le titan s'écroule tandis que l'un de ses copains font sur nous. Gunther lui file sous le nez et le titan est déboussolé un moment. Il recule brusquement, virevolte sur ses pieds et se lance à sa poursuite. Il n'y a pas d'arbres dans les parages, la marge de manoeuvre est limitée et je dois empêcher ce monstre de le rattraper !

Je lance mon grappin et l'enroule à une vitesse folle afin de le prendre de vitesse. Le vent qui fouette mon visage me suffoque. Je volte devant son visage et laisse mes épées lui trancher les yeux. Gunther tire sur son câble afin de se projeter de nouveau vers sa cible aveugle et taillade sa nuque avec précision. Nous retombons sur le dos de notre ennemi et je m'inquiète du sang que je vois sur sa chemise. Tu es blessé ?

Il me signifie que ce n'est rien, juste une égratignure, et m'indique du menton que nos camarades n'ont pas fini d'en découdre. Je me retourne et constate que la cohorte d'explorateurs est presque passée, signe que nous devons vite en finir afin de rejoindre le colonne.

Claus et Erd ont soumis le troisième titan, il reste le déviant. Gunther et moi revenons auprès d'eux, un peu essoufflés, quand un éclair d'acier se met à pourfendre l'espace tout autour de notre cible. Je ne parviens même pas à voir ce qui produit ce phénomène, mais je pense en avoir une petite idée ! Le déviant prend tant de coups qu'il est projeté plusieurs mètres en avant, les membres en charpies, la nuque éclatée. Une petite silhouette noire se pose sur la tête chevelue puis remonte à cheval en vitesse en nous criant de rattraper notre retard.

Le caporal-chef est resté dans les parages et a attendu le dernier moment pour nous prêter main forte. Il nous fait vraiment confiance pour nous avoir laissé régler leur compte aux trois autres sans intervenir ! J'espère qu'il est fier de notre travail d'équipe !

Nous atterrissons sur nos selles, tous indemnes, et galopons en phase trois pour retrouver notre place dans la formation. Je me sens tout à fait prête à essuyer une autre attaque. Ce n'était qu'un échauffement, utile pour nous préparer à quelque chose de plus corsé. Le caporal-chef galope un moment entre nous et je l'entends nous féliciter pour notre initiative. Merci, chef ! Nous soumettrons le prochain déviant, je vous en fais la promesse ! Il s'éloigne de nouveau vers le centre de la colonne et nous nous retrouvons de nouveau entre nous.

Claus ne fanfaronne pas et je me dis alors qu'il a beaucoup changé ces derniers jours, comme si la conscience d'une lourde responsabilité lui pesait sur les épaules. Moi, je reste fixée sur le dos de Gunther, qui montre son bras égratigné à Erd, comme un trophée.

Aah, les garçons, toujours à voir le bon côté des choses quand il s'agit de se vanter !

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 3 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant