DANS LE DOUTE, ABSTIENS-TOI(juillet 846)Livaï

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Cette bicoque n'est pas si mal finalement

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Cette bicoque n'est pas si mal finalement. J'ai presque réussi à y dormir plus de trois heures. Erwin nous a alloué un budget serré pour nos déplacements, et ça ne devrait pas trop l'entamer. Je vais oublier l'idée de déjeuner et me rendre directement à l'arrêt de la diligence. Je peux être à Krolva en milieu de matinée.

Je jette un oeil dans le petit miroir de ma chambre, arrange mes cheveux, et resserre mon foulard autour de mon cou. Je n'ai pas pu me laver et je me sens plutôt crasseux après ma journée d'hier, mais ce ne sera pas trop gênant. Je suis là pour recruter parmi les brigades d'entraînement et ils ne feront pas leurs difficiles. Changer de vêtements devrait suffire.

J'ai passé l'après-midi d'hier à répondre à des questions de jeunots impressionnés - ou effrayés - par ma venue, à arpenter les baraquements, à donner des conseils pratiques aussi. J'ai évité de peu la démonstration de vol, je n'avais vraiment pas envie de m'y coller. J'ai du inventer un bobard, comme quoi j'étais blessé de notre dernière expédition, et ça a eu l'air de passer, les instructeurs ont pas insisté. Erwin pourra pas dire que j'ai pas donné du mien ; je crois même avoir lâché un ou deux sourires pour la forme.

Il y'en avait des motivés dans cette promo, et je dois bien admettre que j'ai malgré moi tenté de dénicher de nouvelles têtes pour mon escouade. Personne ne sortait vraiment du lot à Yarckel ; j'aurais peut-être plus de chance à Krolva. Je peux au moins me dire que certains nous rejoindrons le moment venu.

Je descends les escaliers de l'auberge et fais signe au tenancier, qui accourt alors vers moi. J'aime pas quand ils se comportent comme ça... J'ai vraiment pas l'habitude. Ils peuvent pas simplement faire comme si j'étais un être humain normal ? Je soupçonne certaines rumeurs de m'avoir précédé, car ce type semble m'avoir reconnu tout de suite quand je suis venu prendre la chambre. Je lui lance les clefs et aussi que la piaule était agréable. Il s'incline très bas, les mains ouvertes devant lui, la clef sur ses paumes, et je quitte l'établissement sans me retourner, ma minuscule valise sous le bras.

Je resserre mon manteau autour de moi dès que je passe le seuil, car l'air de Yarckel est bien plus frais que dans le sud. Les dômes dorés du centre-ville flamboient sous le lever du soleil, et seul résonne le pas tranquille des chevaux menés par les marchands. Les boutiques n'ouvriront pas avant une bonne heure. Par contre, je peux tenter de choper la diligence dans trente minutes. L'arrêt n'est pas loin, j'ai tout mon temps, alors je flâne un peu.

Les rues sont presque désertes, et le pavé nettoyé par une pluie récente. Tout semble extrêmement propre dans cette ville, ce qui ne me déplaît pas. Il y a moins de chevaux qu'à Ehrmich et les gens circulent davantage à pieds. Les trottoirs sont larges et entretenus, jalonnés d'arbres, et c'est assez agréable de s'y promener. La vie est si normale ici... Il semble impossible d'imaginer d'autres causes de décès que l'extrême vieillesse... Mais j'ai quand même emmené un couteau avec moi, au cas où. On est jamais trop prudent.

La demie-heure s'est écoulée sans que je m'en rendre compte et je me dirige rapidement vers l'arrêt. J'aperçois les passagers qui commencent à grimper dedans, et je leur emboîte le pas. Les hommes portent des longues redingotes, comme à Mithras. Leurs chapeaux ont l'air pas mal ridicules, perchés sur leurs petites têtes... Ca les rend plus grands qu'ils ne le sont. Un complexe à compenser, peut-être ? Ca me traverserait même pas l'esprit de...

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 3 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant