Dix ans plus tôt...
Une nuit blanche supplémentaire. Yoongi poussa un soupir de dépit, un soupir tremblant qui traduisait sa détresse. Les examens de fin d'année arrivaient, ceux qui lui permettraient d'obtenir son diplôme et d'intégrer l'université de ses rêves. Il étudiait d'arrache-pied, aidé par ses parents, intransigeants, qui mettaient tout en œuvre pour lui offrir un environnement de travail favorable, silencieux. Ils ne cessaient de lui demander comment ses révisions avançaient, et quand chacun avait un peu de temps, ils l'interrogeaient sur un point particulier du programme pour s'assurer de ses connaissances.
Ils voulaient bien faire. Ils pensaient bien faire. Sans doute même faisaient-ils bien... mais Yoongi étouffait. Une seule erreur et il voyait le regard de ses proches se voiler de déception et d'inquiétude. Son frère aîné avait réussi cet examen haut la main, à présent il poursuivait des études prestigieuses dans une université tout aussi prestigieuse, et les parents de Yoongi espéraient bien que le cadet se débrouillerait mieux encore que le plus vieux : toute sa vie, Yoongi avait en effet décroché de meilleures notes que son frère, et ce dans toutes les matières. Aucune crainte à avoir dans ce cas, n'est-ce pas ?
Or, les parents des jeunes gens n'avaient pas pris un paramètre en compte : Yoongi était beaucoup plus sensible que son aîné, bien moins solide que lui. Son frère, avec ses capacités moyennes, s'était tué à la tâche, se poussant sans cesse à bout. Il avait réussi avec un travail acharné, il avait réussi du fait de son inarrêtable volonté. Il était doué d'un mental à toute épreuve, celui d'un véritable combattant, quand Yoongi pour sa part cédait au moindre stress. Un rien le paralysait, et... plus que jamais, ce minuscule défaut risquait de bouleverser sa vie.
Yoongi révisait sans arrêt, mais une voix en lui murmurait que le jour de l'examen, il deviendrait inapte à répondre même à une question digne d'un élève de six ans.
Ce matin-là, donc, après sa nuit blanche, épuisé et les nerfs à vif, Yoongi craqua une fois de plus. Il s'allongea sur son lit, plongea le visage dans l'oreiller et pleura. Il éprouvait la sensation de se tuer à petit feu, de mourir sous la pression qu'il s'infligeait. Il désirait plus que tout rendre sa famille fière, mais... il n'y arriverait pas ! Il ne supportait pas que tout le monde compte sur lui, ça l'effrayait !
Le cœur lourd, il serra sa couette contre lui en se recroquevillant dessous, et il attrapa un mouchoir sur sa table de chevet. Il en usait un bon paquet par jour en ce moment. Désespéré, il se sentait perdu : toute sa vie il avait travaillé pour ces études dont il rêvait, dont son père et sa mère rêvaient pour lui... or, à présent, plus rien ne le faisait rêver, si ce n'était de rester roulé en boule sur son lit jusqu'à ce que tous ses ennuis se soient envolés.
Il savait que ses parents l'entendaient parfois sangloter – ils dormaient dans la chambre à côté de la sienne, ils l'entendaient forcément – mais jamais ils n'étaient venus en discuter avec lui. L'excellence requérait des sacrifices, et il semblait normal à sa famille qu'il ait besoin d'évacuer seul le surplus de frustration que réviser sans cesse pouvait engendrer.
Ils se trompaient. Leur fils avait avant tout besoin d'eux à ses côtés, et pas pour lui faire réciter ses leçons : Yoongi avait besoin d'eux pour le réconforter, le prendre dans leur bras comme à ses cinq ans, quand il s'était écorché le genou et était allé pleurer dans l'étreinte de sa maman. Il voulait qu'elle le serre fort contre lui, il voulait oublier ses larmes en se laissant bercer tant par ses gestes que par son parfum. Il voulait que son père appuie une main protectrice sur son épaule en lui affirmant que tout irait bien et qu'ils pourraient aller discuter entre hommes dans le jardin pour penser à autre chose, ne serait-ce que cinq minutes.
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Les ailes de papier [Vkook/Yoonmin]
Fanfiction[Terminé] Libraire dans le magasin tenu par son ami Namjoon, Jungkook appréciait à sa juste valeur sa vie paisible rythmée par les prix et nouveautés littéraires qu'il mettait chaque jour en rayon. Les rouages bien huilés de son existence s'emballè...