Jungkook détestait qu'on le complimente sur son physique. Lui, il se trouvait laid, il ne supportait pas son corps – sa main. Or, quand Taehyung lui avait adressé ce compliment pour la énième fois, avec cette voix grave et ce regard perçant... quelque chose lui sembla avoir changé. Il n'avait pas éprouvé son habituelle colère sourde, mais une mélancolie douce, presque agréable. Il s'était senti réchauffé autant que perturbé par son aveu.
Et puis... Taehyung s'était approché et Jungkook, figé par la stupeur, n'avait réussi ni à bouger ni à parler. Son cœur lui paraissait avoir lâché, son cerveau également.
Ça expliquait sans doute pourquoi le libraire se trouvait désormais sa bouche contre celle de son ami. Stupéfait, il ignorait comment réagir, et s'il savait d'emblée qu'il allait massacrer Taehyung pour avoir osé lui voler son premier baiser... il ne pouvait pas s'empêcher de songer que ce contact, aussi infime et chaste soit-il, lui retournait l'estomac et lui procurait un bien-être qu'il ne comprenait pas.
Jungkook ferma les paupières, ce fut bien le seul mouvement qu'il réussit à effectuer. Taehyung pressait avec une tendresse folle ses lèvres sur les siennes, et pour sa part, les sensations étaient bien différentes : une explosion de bonheur et de volupté, son cœur lui paraissait bondir dans sa poitrine, et tout son être s'était embrasé dès lors qu'il avait frôlé cette bouche délicieuse dont il se régalait à présent avec la pudeur qu'exigeait un premier baiser.
Comme il aimerait l'approfondir, ce baiser, comme il aimerait dévorer la langue de son ami, toucher son corps musclé, et lui procurer du plaisir jusqu'au matin ! Et Jungkook qui ne reculait pas, quel soulagement ! Il avait craint une réaction violente telle que le jeune libraire en montrait souvent, à la place de quoi il le découvrait docile, profitant lui aussi de ce petit contact innocent !
Oui, Taehyung s'en rendait compte : c'était bien plus que du désir, c'était une alchimie des âmes. Il se régalait autant de sa bouche que de sa conversation, et il ne s'imaginait plus se passer de sa présence, ne serait-ce que pour discuter littérature autour d'un goûter, comme ce jour-là. Jungkook lui plaisait parce qu'il vouait le même amour que lui à cet objet envoûtant et sublime qu'était le livre. Il l'aimait si fort ! Son cœur s'emballait et tout son être hurlait de bonheur !
Taehyung recula après quelques secondes qui lui parurent bien trop courtes. Jungkook rouvrit les paupières, et son aîné lui adressa un sourire affectueux.
« Je t'aime, Kookie, » lui murmura-t-il en avançant la main pour lui caresser la joue.
Son mouvement néanmoins fut stoppé par Jungkook qui lui attrapa le poignet dans un geste qui ne témoignait pas de la moindre douceur. Sa prise, au contraire, serrait Taehyung au point qu'il en grimaça de douleur. Il planta son regard surpris dans celui, sombre, de son cadet.
« Ne me touche pas, ordonna Jungkook d'un ton tranchant en veillant à prononcer chaque mot avec lenteur.
— J-Jungkook, je...
— Ne me touche plus jamais. »
Il le relâcha en le repoussant, se releva, et quitta la pièce. Taehyung, après quelques instants pour assimiler ce qui venait de se passer, se redressa à son tour et fila à sa suite. Jungkook avait regagné le couloir principal et était désormais occupé à nouer les lacets de ses chaussures, ses longues manches l'empêchant de distinguer ses mouvements – mais il était si habitué à ce geste que ce n'était pas nécessaire.
« Attends, Jungkook, je...
— T'as de la chance de pas avoir pris mon poing dans la gueule, l'interrompit Jungkook de sa voix devenue glaciale. C'était mon premier baiser, et je t'avais pas autorisé à me le prendre. Tu n'es qu'un putain de connard égoïste, n'espère même plus pouvoir m'adresser la parole, c'est toi qui as foutu notre amitié en l'air... mais j'imagine qu'elle devait pas vraiment compter pour toi pour que tu me fasses ça.
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Les ailes de papier [Vkook/Yoonmin]
Fanfiction[Terminé] Libraire dans le magasin tenu par son ami Namjoon, Jungkook appréciait à sa juste valeur sa vie paisible rythmée par les prix et nouveautés littéraires qu'il mettait chaque jour en rayon. Les rouages bien huilés de son existence s'emballè...