Les ailes de papier [Vkook/Yoonmin]

Chapitre 117

Yeonmi – Ça y est, je suis tranquille. Tu voulais quoi ?

Jungkook attrapa d'un geste fatigué son portable, toujours blotti dans l'agréable étreinte de son copain après sa sieste. Son cœur sursauta quand il lut le message qu'il venait de recevoir. Il en avait presque oublié la petite sœur de Taehyung ! Ce dernier, concentré sur la série qu'ils regardaient, assis l'un contre l'autre sur le lit, ne posa aucune question quant à la vibration qui avait amené son Kookie à remuer, et sans détacher les yeux de l'écran, il se pencha pour embrasser la joue de son cadet.

Un frémissement remonta le long de la colonne vertébrale de Jungkook lorsqu'il tapa sa réponse.

Jungkook – Je viens pas critiquer, je suis personne pour juger. Taehyung m'a raconté ce qui s'était passé, et je l'avais rarement vu si abattu. Lui aussi a été choqué par ce qui s'est produit ce soir-là, mais depuis, ce qui l'a brisé, c'est le silence de ton frère et toi. Il vous aime de tout son cœur, les livres qui l'ont rendu célèbre vous sont destinés. Il a besoin de vous à ses côtés, j'ai mal de le voir sombrer...

Jungkook envoya son SMS le cœur lourd. Il ferma les paupières, qu'il ne rouvrit qu'à une nouvelle vibration de son portable.

Yeonmi – Tout le monde a souffert dans cette histoire. Quant aux livres qu'il écrit, ce sont eux qui ont tué notre mère à petit feu, parce qu'à cause d'eux, on ne venait pas la voir. On était comme les enfants que le joueur de flûte a éloignés de leurs parents. On aurait pu la sauver.

Jungkook – Taehyung était encore jeune, et vous, vous étiez petits. Vous ne devez pas vous en vouloir. Taehyung avait déjà essayé de réconforter votre mère, mais ça les a tous les deux plus blessés qu'autre chose. Il a juste voulu vous tenir le plus loin possible de ça, vous empêcher de souffrir comme il a souffert. Il s'en veut tous les jours...

Yeonmi – Ça va pas ramener ma mère, qu'il s'en veuille.

Jungkook – Ça ne va pas non plus la ramener, que tu lui en veuilles.

Le libraire se maudit aussitôt qu'il eut envoyé son message sur un brutal coup de sang. Il ne pouvait donc pas arrêter de se montrer toujours si impulsif !

Convaincu que la jeune fille ne répondrait plus, il s'étonna, soulagé, de recevoir un SMS.

Yeonmi – C'est vrai...

Jungkook – Je suis désolé pour toi. J'ai failli perdre ma mère dans un accident quand j'avais six ans, et ensuite, elle s'est laissée dépérir pendant des mois avant qu'on réussisse à la tirer de là, mon père et moi. J'ai eu très peur pour elle, alors j'imagine à quel point ça a pu être douloureux pour vous de la perdre. Mais Taehyung souffre autant que vous, si ce n'est plus : lui, il est seul, maintenant. Il a un immense appartement qu'il espérait partager avec vous, et il y erre comme une âme en peine. Quoi que tu décides, ça ramènera pas votre mère... mais ça peut ramener ton frère.

Jungkook sentit sa gorge se nouer alors qu'il écrivait ces mots. Il avait vu Taehyung si fragilisé par ces évènements, il ne pouvait pas échouer, il devait tout mettre en œuvre pour que Yeonmi et Yeongho s'aperçoivent enfin du calvaire subi par leur aîné.

Yeonmi – Je sais pas.

Jungkook – Tu ressens quoi quand tu penses à Taehyung ?

Yeonmi – Ça me fait sourire quand je me rappelle ses histoires. Et ça me fait mal au cœur quand je repense à celle qu'il nous racontait pendant que maman pleurait et mettait fin à ses jours.

Jungkook – Tu l'aimais, Taehyung ? T'étais proche de lui ?

Yeonmi – Oui, beaucoup. Il faisait très attention à nous.