Les ailes de papier [Vkook/Yoonmin]

Épilogue

En se réveillant ce matin-là, Jungkook sourit, ouvrit les yeux, puis se rappela sa soirée de la veille et poussa un soupir.

« Je t'avais dit que je pouvais pas dormir ici, grommela-t-il, pourquoi tu me fais toujours changer d'avis, Tae ? »

Il bouscula sans brutalité l'épaule de celui dont il partageait le lit ; Taehyung agita la main pour le repousser en grognant un borborygme étouffé par l'oreiller. Jungkook insista, et son aîné se retourna, les paupières toujours closes.

« On est mercredi, tu prends à dix heures, du calme.

— Je sais, mais je t'avais dit que je voulais dormir chez moi.

— Dis-le si t'es pas content qu'on ait fait l'amour comme des bêtes jusqu'à minuit. T'avais le droit de me dire non, tu sais ? Aux dernières nouvelles, t'avais très envie aussi. D'ailleurs, si je me souviens bien, t'as pas juste oublié de dire non, t'as carrément répété oui une bonne centaine de fois.

— J't'emmerde...

— Arrête de bouder. Si ton réveil a pas sonné, c'est qu'on peut encore dormir.

— Je suis à une demi-heure de marche du boulot.

— Mais je t'y amènerai en voiture, sois pas idiot. Maintenant dodo. »

Et sans prévenir, il attrapa son copain par la taille et le tira sur lui. Jungkook s'effondra sur son corps, pas prêt à être ainsi déséquilibré, et il râla pour la forme avant de poser la tête contre son torse et les bras autour de son cou. Comme il aimait le serrer si fort contre lui !

« Donc t'as décidé de m'étouffer pour te venger ? le taquina Taehyung.

— Oui !

— Je trouve ta réponse un poil trop enthousiaste, ça m'inquiète... »

Son copain sourit mais ne rajouta rien. Ils se levèrent tous les deux à la sonnerie du réveil programmé par Jungkook, et ils se préparèrent comme chaque matin quand ils dormaient ensemble. Depuis trois semaines, Jungkook passait l'essentiel de son temps dans son appartement, où son compagnon lui rendait parfois visite puisqu'il lui avait laissé son code, et il avait repris le travail. Sakura, supposée partir au retour de Jungkook, avait vu son contrat prolongé un peu : certes, le libraire était revenu, mais pendant les vingt premiers jours, il avait dû garder une attelle, ce qui lui empêchait de nombreux mouvements dont Sakura s'acquittait pour lui. Elle s'occupait aussi du rangement, et lui se contentait de gérer le réassort et les demandes des clients, retrouvant peu à peu ses habitudes dans ce rayon qu'il adorait et auprès de ses collègues.

Et le weekend dernier, enfin, son médecin avait affirmé que Jungkook pouvait retirer son attelle : son bras avait guéri, et s'il devait éviter de porter de trop grosses charges comme des cartons remplis de livres, un ou deux bouquins en revanche ne gênaient pas.

Jungkook, que son petit ami attendait en dehors de la salle, avait bondi dans l'étreinte de Taehyung en lui annonçant la nouvelle avec une joie telle qu'il en avait versé une larme : tout était fini, désormais. Le voilà rétabli.

Quand Jungkook et Taehyung partirent pour la librairie, le cadet observa les arbres jaunir. Octobre avait débuté, et le paysage prenait les couleurs chaleureuses de l'automne. Les yeux clos, il songea à l'été qui s'achevait, à tous ces beaux moments en compagnie de l'auteur, son frère, sa sœur, mais aussi avec ses collègues, ainsi que son père et sa mère à qui ils avaient rendu visite une seconde fois. Taehyung avait alors réussi à les convaincre, Jungkook et eux, d'accepter qu'il les aide à financer leur crédit, et s'ils avaient néanmoins refusé qu'il paie tout ce qui restait, il avait pu leur donner suffisamment pour leur permettre de ne rembourser qu'une somme de moindre importance chaque mois : après quinze années de sacrifices ininterrompus, ils avaient obtenu le droit de vivre de nouveau. Les parents de Jungkook avaient remercié mille fois l'écrivain, sa mère avait versé toutes les larmes de son corps dans les bras de son époux, et le jeune couple lui-même, devant ce bouleversant spectacle, avaient eu peine à retenir leur propre émotion. En rentrant de Busan après ça, les deux compagnons avaient passé leur journée au lit, en dépit de quoi ils n'avaient presque pas dormi...