Chapitre 8 - Rien ne va plus

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Dr Rafael : Mr & Mme Nevers, je vous vois à la demande de mon confrère le Dr Devaux, qui a opéré Mme Nevers en urgence hier.

Ni Alice, ni Marquand ne souhaitaient le détromper sur leur identité réelle. A quoi bon? La suite de ce que dirait le médecin leur appartiendrait quelque soit le lien qui les unissait au final.

Dr Rafael : il m'a transmis les radiographies et les compte-rendus des autres examens qu'il a réalisés au cours de votre intervention chirurgicale, car il voulait avoir mon avis spécialisé sur vos blessures.

Attentifs et silencieux, Alice & Marquand attendaient la suite.

Dr Rafael : Dr Devaux a évoqué avec vous la gravité des blessures que vous avez reçues au niveau du ventre. Avant de me lancer dans des explications complexes, je voulais savoir si vous aviez un projet de grossesse dans le futur ?

Alice regarda Fred.

Qu'en savait-elle ? Tout était si brutal, si lointain de ce qu'elle imaginait être un désir d'enfant venu spontannément au sein d'un couple en harmonie autour de ce choix...

Fred la regarda, un sourire apaisant sur les lèvres, et de la douceur dans les yeux. Il lui fit un signe de tête pour lui signifier que la réponse lui appartenait, et pour l'encourager à dire ce qu'elle souhaitait vraiment.

Alice resserra l'étreinte de sa main dans celle de Marquand et prit la parole.

Alice : Je crois que nous ne savons pas vraiment pour le moment, mais qu'on ne peut pas exclure qu'un jour ce désir arrive.

Elle sentit les doigts de Marquand serrer les siens très fort. Elle n'osa pas le regarder. Sur le moment, parler de projets si intimes devant un inconnu, alors qu'ils venaient de passer des semaines à se retrouver et à se perdre, alors que ni l'un ni l'autre ne savait de quoi leur avenir commun serait fait, elle trouvait que tout ça était trop en décalage. Comment regarder Marquand, alors qu'ils formaient un couple depuis si peu de temps, malgré ces sept années passées à vivre côte à côte un jeu de séduction permanent ?

Elle redoutait de lire dans ses yeux des choses qui lui auraient déplu, ou qui auraient pu la forcer à un choix qui ne serait pas totalement le sien.

Dr Rafael : Alors je vais vous donner des explication pour que vous puissiez savoir à quoi vous attendre si vous souhaitez réaliser ce projet.

Marquand : Mais je croyais avoir compris qu'Alice ne pourrait plus jamais avoir d'enfant !

Dr Rafael : Ce n'est pas si simple ; En fait, les coups de scalpel ont blessé l'utérus, mais c'est un organe qui peut cicatriser même s'il demeurera toujours fragile. Ce qui est plus embêtant, ce sont les ovaires. Ils ont été touchés à l'endroit où les sparmatozoïdes arrivent vers l'ovule qui attend d'être fécondé; de ce fait, cette rencontre n'est plus possible. A croire, Madame, que votre agresseur a vraiment voulu vous enlever toute chance d'avoir un enfant ;

tout au moins, sans assistance médicale.

Marquand sentit les doigts d'Alice désserrer leur étreinte. Il la regarda, elle était très pâle.

Marquand : Ca va Alice ?

Alice : Non, je ne crois pas...

Et elle perdit connaissance.

Alors, de nouveau le ballet surréaliste des gens en blouse blanche.

Alors, de nouveau la peur aux tripes, les cent pas devant le service de Réa.

Puis un médecin qui vient le chercher.

- Ca va aller Mr Nevers, votre femme a une importante anémie suite à son hémorragie d'hier. On est en train de la transfuser. Vous pouvez aller la voir.

***

Noah s'était rendu, comme le lui avait demandé le Commandant, dans la petite ville où se tenait le Casino. Il s'approcha de l'établissement, que jouxtait une jolie pièce d'eau. Il essayait de comprendre le lien entre le SDF vêtu de hardes, et ce lieu si select.

Il mâchait pensivement un sandwish au fromage, tout en regrettant l'absence de son « Chef », puisque c'est ainsi qu'il devait le nommer à présent. Il sourit à l'évocation de Marquand, il trouvait amusant le mal que cet homme se donnait pour dissimuler ses sentiments, ses faiblesses, sous des dehors faussement bourrus, volontiers râleur et donneur de leçons. Il l'appréciait, malgré cet abord rugueux que le Commandant aimait cultiver. Ca n'expliquait pas cette nouvelle lubie de se faire appeler « Chef », mais Noah était suffisamment intelligent pour avoir compris que son prédecesseur avait laissé une trace dans l'estime du Commandant, et qu'à présent c'était à lui de gagner sa place dans cette estime qui semblait si difficile à acquérir.

Il haussa les épaules, termina son sandwish et entra dans l'établissement.

Il fut reçu par un adjoint du Directeur. Celui-ci lui apprit qu'un employé, du nom de Stéphane Carmel, ne s'était pas présenté à son poste hier soir. Et son visage se décomposa lorsqu'il vit la photo du corps du SDF retrouvé le matin près du périphérique.

- C'est bien lui, mais je ne comprends rien de ce qui a pu se passer ! Stéphane était un bon employé, plutôt timide mais fiable. C'est capital dans ce métier vous savez !

Noah continua à questionner l'adjoint à la recherche d'informations qui pourraient être utiles. Il apprit ainsi qu'un joueur habitué du Casino avait eu une altercation plutôt violente avec le croupier deux jours auparavant. Cet homme, Cyrille Nommet, avait fait des menaces suite à un partie de roulette où il avait perdu beaucoup d'argent.

Noah décida d'appeler Marquand pour l'informer des suites de l'enqûete.

Noah : Allo Chef ? J'ai un suspect pour notre affaire. Je vous le convoque pour demain matin ?

Marquand : Si Dieu le veut, Noah, si Dieu le veut !


La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant