Chapitre 80 : En apnée

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- Alice ?

- Fred ?

- Comment tu te sens, mon Ange ?

Alice bougea un peu, cherchant toujours son souffle comme depuis le début de la journée. Elle était installée dans son lit, à l'hôpital, soulagée d'être enfin allongée.

A son arrivée, elle avait subi différents bilans, une prise de sang et une échographie. Les résultats étaient plutôt rassurants, mais elle devait rester allongée, se reposer, et sa tension était surveillée étroitement.

De toute façon, elle se sentait tellement nauséeuse qu'elle n'avait aucune envie de bouger. Pour une fois, les médecins n'auraient pas à la convaincre de rester au calme ; son corps lui dictait cette réalité de façon bien plus forte que toutes les explications biologiques ou médicales.

- Tu as besoin de quelque chose ?

Alice se tourna vers lui et lui sourit doucement.

- J'ai besoin de tes mains chaudes sur mon ventre.

Marquand sourit à son tour.

- C'est une prescription du Docteur Rafaël ?

- Parfaitement Commandant. A exécuter dans les plus brefs délais.

Le petit sourire de canaille qui lui allait si bien se dessina sur le visage de Marquand quand il s'approcha d'elle.

Alice souleva doucement son chemisier pour offrir son ventre à ses mains.

- Tu me donnes une furieuse envie de jouer au docteur là, tu sais ?

Elle le regarda en riant.

- Ce n'est ni le lieu, ni le moment ; j'ai l'impression de flotter dans mon propre corps tellement je le sens rempli d'eau !

Alors Marquand posa tout doucement ses mains sur le ventre qui faisait mal. Ses mains bien chaudes et caressantes, qui contenaient un peu la douleur oppressante qu'Alice ressentait.

Alice posa les siennes par-dessus, attentive au soulagement qu'il lui procurait.

Elle repensa à cette phrase qui avait traversé son esprit, juste après son agression par Rachel, quand elle touchait ses pansements, au moment où Marquand avait appris la nouvelle de sa stérilité.

« Les mains de l'homme aimé posées sur l'enfant à venir »

Bien sûr, à cet instant précis, rien n'avait changé, c'était toujours le vide à l'intérieur d'elle. Mais ce n'était plus tout-à-fait le même vide désespéré et sans appel dont elle avait si peur depuis des mois.

Quelque chose était différent. Peut-être que c'était simplement parce qu'ils le combattaient tous les deux de toutes leurs forces.

Alice regarda les mains de Marquand délicatement posées sur son ventre.

A présent, elle les acceptait, elle acceptait leur chaleur et le rempart de protection qu'elles créaient, même si elles ne se refermaient toujours que sur du vide.

Même si rien ne devait changer après ce traitement, il leur resterait ce combat qu'ils avaient mené ensemble jusqu'au bout, pour lutter contre ce vide qui prenait tant de place.

Ils vivraient la suite tous les deux, ils le savaient.

***

Noah était resté dans le service de psychiatrie, selon les premières consignes laissées par la Juge d'Instruction.

Répertorier, avec le concours de l'infirmière, le nom de tous les cachets retrouvés puis placés sous scellés.

Accompagner la psychiatre pour enregistrer la déposition de Fabien Vauban, qui continuerait à être maintenu dans l'hôpital en attendant le procès. Il n'y avait pas d'argument suffisamment probant pour l'envoyer en prison tant que la Justice n'aurait pas tranché sur son éventuelle culpabilité.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant