Le même scenario se reproduisit les jours suivants :
Comme à chaque repas, le premier homme dissimula ses comprimés dans le creux de sa main.
Ensuite il irait les cacher dans le faux-plafond de sa chambre, comme il le faisait depuis le début.
Le second le regarda faire, et trouva que c'était encourageant de constater que cela était possible, que c'était possible plusieurs fois même, puisque ce Fabien ne s'était toujours pas fait épingler.
Alors lui aussi, il prit cette habitude, après chaque repas : cacher les cachets sous la langue, être vigilant à ne pas les mêler à sa salive, les recracher dès que possible.
Ses pensées étaient moins engluées ; elles étaient plus claires et plus passionnées aussi.
Par moments, il avait l'impression qu'il ne parviendrait plus à les gérer, mais ça ne durait jamais très longtemps. Il arrivait à prendre le dessus à chaque fois. Il les maîtrisait.
Romain sourit. Un sourire qui n'était pas forcément adapté à la réalité du moment.
Mais tout cela était tellement exaltant.
Lui et Fabien, il le savait, ils allaient pouvoir se rapprocher et se parler. Se raconter ce qui les avait menés ici, en ce lieu impersonnel, avec ces barreaux aux fenêtres.
Ils auraient certainement beaucoup de choses à se dire, et ils le feraient d'autant plus facilement que le carcan de tous ces traitements s'allégerait.
***
Jacques ramena Paul auprès de sa mère et de son parrain, utilisant la voiture de Marquand, conduite par un ami de longue date, qui profitait du trajet pour venir passer quelques jours sur Paris.
Il fut heureux en trouvant sa fille et le Commandant ensemble sous le porche de l'appartement d'Alice, s'embrassant tandis que la voiture se stationnait, et les accueillant, lui et Paul, avec de grands sourires complices.
Il sentit que quelque chose de chaleureux s'était renoué entre eux. Ils paraissaient sereins, en même temps que passionnés, et toujours à fleur de peau.
Il les trouva tels qu'ils avaient toujours été, finalement :
Indomptables, amoureux, imprévisibles.
Ca n'était pas confortable ni très apaisant pour Jacques.
Mais il savait depuis bien longtemps qu'il devrait faire avec, et il trouvait cette relation passionnelle plus que belle à regarder.
***
La toute petite Apolline avait quelques jours.
Depuis l'instant de sa naissance, elle passait beaucoup de temps le nez niché au creux du T-shirt de sa mère.
Lucie était rayonnante, et Simon était très souvent auprès de ses deux princesses.
Chaque visite de son père rendait la jeune-femme encore plus heureuse.
Il passait rapidement, embrassait sa fille, admirait sa petite-fille qui était si calme dès lors qu'elle était au chaud tout contre la peau de sa mère.
Puis il repartait, souriant, et elle ne doutait pas qu'il reviendrait très vite.
Lucie ne doutait plus de rien, à présent, même pas de son bonheur.
Tout était évident, enfin.
***
Ce jour-là, tandis que Jacques et Paul, fraîchement arrivés de Dijon, s'installaient dans l'appartement d'Alice, et que le petite garçon retrouvait les bras protecteurs de sa mère en l'inondant de questions sur « le bébé-fille de Lucie », Marquand reçut un appel.
VOUS LISEZ
La Peur du Vide
FanfictionFan-fiction faisant suite à la série Française "Alice Nevers, le Juge est une femme" (Suite de la saison 12 diffusée au printemps 2014). Alice Nevers est Juge d'Instruction à Paris. Elle mène une vie bien remplie, avec son fils Paul, de 5 ans, issu...