Léa attendait.
Elle ne voulait que ça, elle ne se concentrait que sur l'attente de cet appel, comme si de lui arriveraient des mots qui l'aideraient, qui l'accompagneraient pendant ces heures noires où elle se sentait si seule.
Marquand n'aurait pas de réponse toute faite, il ne saurait pas non plus dire les mots qui apaisent, mais au moins ils pourraient parler de celui qui était le trait d'union entre eux deux.
Ils pourraient évoquer Noah. Elle aurait une personne à laquelle rapporter les événements survenus depuis leur arrivée à Barcelone. Elle évoquerait les soupçons qu'ils avaient fondés. Elle déposerait auprès de Marquand tout ce qui lui était trop lourd à porter seule.
Le portable du Lieutenant de Police Espagnol sonna.
- « Digame ? »
- « Commandant Marquand, Brigade Criminelle de Paris. Je dois parler à Mlle Léa Rameaux»
Léa arracha presque le téléphone des mains de la policière, tant elle était nerveuse, et également impatiente de lui parler. Elle chercha un lieu où s'isoler, et trouva un mur contre lequel s'appuyer, recroquevillée sur elle-même et sur sa souffrance.
- « Commandant... »
Elle ne pouvait pas se douter que Marquand, lui aussi, avait pris appui contre un muret, pour se soutenir, pour soutenir un peu de sa peine.
- « Dites-moi ce qui s'est passé, Léa. Vous êtes en sécurité, là? »
- « Je ne crois pas que ce lieu soit rassurant, mais je suis entourée de policiers. Ils... Ils vont emmener son corps, si j'ai bien compris »
Emmener son corps.
Marquand ne parvenait pas à croire que c'était de Noah qu'il s'agissait.
Mais mécaniquement, presque à son insu, son habitude des questions précises et méthodiques reprit le dessus.
- « Vous êtes où, précisément, là ? »
- « Vous faisiez quoi dans cette clinique ? »
- « Noah vous a parlé de quoi ? Il vous a raconté jusqu'où, ses interprétations ? Il vous a parlé de la lettre anonyme ? Et vous Léa, vous en pensez quoi ? »
Presque du tac-au-tac, Léa répondait au flot de questions de Marquand. Elle éprouvait une certaine forme de soulagement à partager tout ça avec quelqu'un d'impliqué, et qui la guidait afin qu'elle puisse fournir un récit le plus complet possible. Elle avait tellement besoin que quelqu'un veuille, comme elle, comprendre ce qui avait conduit au drame.
Cependant, il y avait un aspect au sujet duquel elle n'avait pas encore pu décider de ce qu'elle en rapporterait.
Devait-elle ou non évoquer les soupçons de Noah au sujet des embryons Nevers/Marquand possiblement volés, et apportés par le laborantin Manuel ?
Léa était une jeune-femme intelligente, et elle ne doutait pas que son interlocuteur l'était tout autant. Alors elle décida qu'elle lui raconterait simplement les faits. Et à partir d'eux, et d'eux seuls, il en tirerait les conclusions qu'il était prêt à concevoir.
Elle ne voulait surtout pas lui dissimuler quelque information que ce soit. Elle ne s'en sentait ni le droit, ni la force. Et elle ne voulait pas porter ce poids, ni maintenant ni jamais. Elle savait qu'elle ne pouvait pas choisir pour eux, que c'était à eux de décider de la suite, de l'avenir, si certains de leurs embryons avaient réellement été volés.
Elle se doutait aussi que Noah n'aurait pas passé toutes ces heures à enquêter, si c'était juste pour taire l'information finale, celle qui était capitale : comme l'avait dit le corbeau dans sa lettre anonyme, il y avait probablement un trafic d'embryons dans cette clinique. Et, par malchance supplémentaire, des destins s'étaient croisés : le couple aux yeux si clairs, et celui formé par Alice et Marquand, dont les embryons présenteraient avec une quasi certitude, des caractéristiques physiques qui leur correspondraient.
VOUS LISEZ
La Peur du Vide
FanfictionFan-fiction faisant suite à la série Française "Alice Nevers, le Juge est une femme" (Suite de la saison 12 diffusée au printemps 2014). Alice Nevers est Juge d'Instruction à Paris. Elle mène une vie bien remplie, avec son fils Paul, de 5 ans, issu...