Chapitre 12 - Entre doutes & certitudes

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Chapitre 12 – Entre doutes & certitudes

Marquand demanda :

- Alice, que t'arrive-t-il ?

- Fred, serre-moi fort ! Fut la réponse qu'il entendit.

Comme elle était assise dans son lit, parce que chaque mouvement était encore douloureux, il s'approcha d'elle et resta debout pendant qu'elle posait sa tête contre son ventre et entourait sa taille de ses bras.

Marquand lui caressa les cheveux avec douceur pendant que les larmes d'Alice inondaient le bas de sa chemise bleue.

- Mon Ange, parle-moi!

- Le Dr Rafael est revenu me voir tout-à-l 'heure.

Elle sentit le corps de Marquand se tendre. Elle comprit à quel point ce sujet le touchait au plus profond de lui-même, en sentant sa réaction purement instinctive dès qu'on l'évoquait.

- Il y a un problème ? Il t'a dit quoi ? demanda Marquand, se donnant un air faussement détaché.

- Rien de nouveau, il m'a juste expliqué que nous devrions avoir recours aux FIV si toutefois nous faisions ce choix. Il m'a expliqué comment ça se passait.

Elle leva les yeux vers lui, sans cesser de le retenir par la taille.

- Fred, je ne sais pas où j'en suis... Ca fait trop pour moi... Tout ce qu'on a traversé avant que je me fasse agresser... Mon opération, et maintenant le Dr Rafael qui me met la pression alors que je ne sais pas ce que je veux... Je ne voulais pas que les choses se passent comme ça, Fred. J'aurais aimé qu'un soir après avoir fait l'amour, on se regarde et qu'on fasse le rêve d'un enfant de nous. J'aurais voulu...

- Alice... On aurait tous les deux voulu que ça se passe autrement, quand on serait prêts, et encore, on ne sait même pas si ce jour serait arrivé.

Il ajouta, en souriant, se penchant pour murmurer au creux de son oreille :

- Et puis tu crois que ça me fait rêver, moi, l'idée de déposer ma modeste contribution au fond d'une éprouvette ? Depuis le temps que je n'ai pas pratiqué ... J'espère ne pas avoir perdu la main !

A cette évocation, Alice explosa de rire à travers ses larmes.

Elle le regarda dans les yeux et caressa son visage avec tendresse.

- C'est pour des moments comme ça aussi que je vous aime, Commandant !

***

Marquand reprit le chemin de la Brigade Criminelle, perdu dans ses pensées. Il avait demandé au taxi de s'arrêter un peu avant le 36, le temps pour lui de marcher le long de la Seine. L'air était frais mais le soleil brillait.

Il s'assit sur « leur » banc, celui où lui et Alice avaient déjà passé tant de temps. Des disputes, des fous-rires, des moments de doute, de tendres moqueries, et de la complicité, toujours, quelque soit leur humeur. Il se demanda s'ils s'y étaient déjà embrassés. Il lui sembla que non. Tout avait été si vite depuis le procès contre Divo. Ils avaient enfin pu vivre leur passion au moment où la culpabilité du Procureur avait été prouvée. Une passion dévorante, presque dévastatrice par ce qu'elle provoquait en lui. Quelque chose qu'il n'avait jamais ressenti pour aucune femme, et pourtant, il en avait connu des aventures.

Mais avec Alice, tout était différent. Il avait le sentiment d'être amoureux pour la première fois de sa vie. Il aimait tout en elle, son indépendance et sa fragilité, son caractère droit comme son humour, il l'aimait même dans ses contradictions. Il aimait quand ils étaient d'accord, il l'aimait quand ils se disputaient, aussi têtus & de mauvaise foi l'un que l'autre. Il aimait lui faire l'amour et il aimait aussi quand elle le provoquait par de savantes caresses jusqu'à ce qu'il devienne fou de désir et la supplie de mettre fin à cette délicieuse torture, en s'offrant enfin à lui.

Rachel et Lucie avaient failli mettre ce fragile équilibre en péril, mais à présent il savait que sa place était aux côtés d'Alice, quoi qu'il advienne.

C'était sa vie, c'était son choix, et de toute sa vie, émaillée d'accrocs, de faux-semblants, d'époques où se regarder dans un miroir lui fichait la nausée, il n'avait jamais ressenti une telle certitude.

Sa place était auprès de cette femme.

Sa place était dans le cœur d'un petit garçon de cinq ans qui souriait et s'épanouissait depuis toutes ces années dans le regard protecteur et tendre posé sur lui par son parrain.

Sa place serait à chaque rendez-vous qu'Alice aurait auprès du Dr Rafael si telle était la décision qu'elle adopterait.

Sa place serait, aux heures les plus sombres de la nuit, à faire les cent pas dans leur appartement lorsque leur nouveau-né pleurerait dans ses bras à s'en déchirer les poumons, entre deux tétées, pendant qu'Alice se reposerait un peu, confiante dans ses capacités de père attentionné et protecteur.

Quand Alice sortirait de l'hôpital, ils viendraient tous les deux sur ce banc, et le temps serait alors venu pour eux de s'y asseoir sereinement et de partager un long baiser.

Un baiser d'amour, un baiser de promesses d'avenir.

***

Au 36 Quai des Orfèvres, Dominique Dauphin attendait, le visage impassible, son interrogatoire.

Mais dans son esprit bouillonnait un profond sentiment d'injustice.



La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant