Les collègues de la BKA avaient retrouvé la berline de Marquand et l'avaient rapportée jusqu'à leur bâtiment administratif, grâce aux clés que Juliette avait gardées sur elle dans l'éventualité d'un problème ou de la nécessité de fuir la maison de la rue des Juifs.
Finalement, les clés n'avaient pas pu servir à leur évasion, mais comme les autres étaient introuvables, elles furent bien utiles pour Marquand et Noah qui partaient pour Paris.
Le même voyage, mais dans l'autre sens.
Retrouver ce qu'il avait fui.
Quelque soit le prix des difficultés qui l'attendaient.
Il avait décidé de ne plus fuir et de regarder la réalité en face. C'était le moment de mettre en pratique ce qu'il avait ressenti de tout son corps et de toute son âme cette nuit, transi sur son muret.
Il laissa Noah s'installer au volant et programma le GPS. Il n'avait plus Juliette pour le guider dans ce dédale de panneaux qui pour lui avaient tendance à tous se ressembler puisqu'ils se terminaient invariablement par « Heim », « Dorf » ou « Burg ».
Pas simple tout ça, quand on n'est pas non plus certain de parvenir à demander son chemin.
- Je vais dormir un peu, tu me réveilles si tu as besoin.
Noah acquiesça et démarra.
Marquand essaya de trouver une position confortable sur le siège passager, cherchant à se caler pour dormir. Il avait oublié à quel point sa peau le brûlait sous le tissus de sa chemise, à quel point il avait mal dans la poitrine, à quel point ses mains blessées le faisaient souffrir.
A quel point il avait besoin de toucher sa coupure sur sa joue ; mais il se l'interdisait car cela lui aurait trop rappelé les mains fraîches de Julia sur sa peau.
Combien de temps allait-t-il falloir pour qu'il puisse se réapproprier son propre corps sans être dévoré de remords ?
Combien de temps avant qu'Alice, si jamais cela se produisait à nouveau, puisse le caresser sans qu'il n'ait besoin de se demander à qui appartenaient ces mains douces sur sa peau ?
Tout cela aussi ferait partie du prix à payer.
Il sombra dans un sommeil chaotique, parfois réveillé par de brusques décélérations de la voiture, quand Noah, qui avait déjà pris l'habitude de ne plus regarder le compteur, était obligé de ralentir.
Au bout d'un moment, le sommeil le quitta pour de bon et il se redressa sur son siège.
- Chef, je peux savoir pourquoi vous avez réglé le GPS sur Strasbourg ? Vous avez envie de visiter une brasserie ou vous croyez que le Marché de Noël est encore ouvert en mars ?
- Strasbourg parce que je t'ai assez vu et que je vais te déposer à la première ville de la frontière pour que tu rentres à Paris.
- Et vous Chef, vous allez où ?
Marquand le fixa avec un son regard perçant.
- OK c'est bon, je retourne à mes affaires, soupira Noah.
- Tu n'es pas content de retrouver Léa ?
- Comment vous savez qu'on continue à se voir ?
- Ca saute aux yeux quand on observe ta mine réjouie.
Noah sourit. Alors même loin de lui, la présence de Léa dans sa vie transparaissait à travers chacune de ses expressions et dans ses sourires, dans l'étincelle de son regard. Il n'imaginait pas que cela puisse être aussi flagrant. Peut-être que ce début de relation était plus sérieux qu'il ne le pensait.
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La Peur du Vide
FanfictionFan-fiction faisant suite à la série Française "Alice Nevers, le Juge est une femme" (Suite de la saison 12 diffusée au printemps 2014). Alice Nevers est Juge d'Instruction à Paris. Elle mène une vie bien remplie, avec son fils Paul, de 5 ans, issu...