Chapitre 64 - première rencontre

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Penché au-dessus du berceau, Marquand regardait sa toute petite-fille.

Il n'avait rien vu venir.

Quelques jours plus tôt, Lucie lui avait pris les mains et les avait posées sur son ventre ; il avait senti le bébé bouger et il s'était senti intimement émerveillé par la beauté du moment. Il avait repensé à la grossesse d'Alice, à ces gestes qu'il n'avait jamais osés car il n'était pas le père de l'enfant à venir. Pourtant il avait été là, à chaque minute, dès qu'elle le lui permettait. Et il avait été là quand Paul était venu au monde, et en cet instant, les souvenirs de ce passé si intense se mélangeaient avec l'image de cette toute petit Apolline devant lui.

Pourtant, tout était si différent.

Paul aurait pu être son fils.

Apolline était sa petite-fille.

Devant lui, sous la forme d'un tout petit visage paisible, une nouvelle génération de Marquand était venue au monde.

Il regarda Lucie, installée dans son lit.

Radieuse, elle lui tendait les bras.

- « Mon père qui disparaît brusquement, mais qui revient juste au bon moment. Il faudra qu'on s'explique et que je te mette un peu au pas ! »

Marquand sourit. Il n'y avait que Lucie pour oser lui parler de cette façon, à la fois tendre mais toujours franche et sans colère. Il s'approcha d'elle et la prit dans ses bras.

- Je n'étais pas prêt à endosser le rôle de grand-père... Mais visiblement cette naissance ne m'a pas illico métamorphosé en vieillard, et je suis très fier de toi et de cette magnifique petite fille.

- Merci Papa, répondit Lucie tendrement. Et je te rassure, tu restes toujours le plus bel homme de ma vie. Juste après Simon évidemment. Pas vrai Alice ?

Alice contemplait Apolline, rêveuse.

- Alice ?

Marquand et Lucie se retournèrent pour mieux la voir.

- Oui ? Oh pardon, j'étais dans mes pensées. Félicitations Lucie et Simon, elle est merveilleuse cette petite fille. Je peux embrasser son grand-père ?

- Ce n'est pas lui qui a le plus souffert, mais tu peux l'embrasser, oui, répondit Lucie en souriant, amusée.

Elle les regarda, tous deux près du berceau, s'étreindre avec tendresse.

Elle avait souffert de mille façons, Lucie, et elle avait du apprendre à s'adapter à tant de situations inconnues ou déroutantes. Elle avait du rapidement s'exercer à reconnaître les sentiments des personnes qui l'entouraient, notamment pour se protéger.

Et là, en regardant ce couple devant elle, elle put immédiatement identifier ce qui émanait d'eux.

Une sorte d'urgence à se serrer l'un contre l'autre pour se rassurer. Comme s'ils avaient besoin de faire front face à une adversité commune.

Lucie regarda sa toute petit Apolline. Elle tenait fort la main de son compagnon, partageant avec lui chaque instant de ce bonheur tout neuf, de ce cadeau que le Ciel avait déposé sur leur route.

Elle regarda son père, et cette femme qu'il aimait plus que tout, qui contemplaient l'enfant dans son berceau.

Ça n'était pas très difficile à comprendre.

- Papa ?

Marquand se retourna.

Lucie lui fit signe d'approcher.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant