Chapitre 9 - Traits d'union

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C'était la fin de l'après-midi de cette si longue journée qui avait suivi celle de l'agression d'Alice.

Elle ouvrit à nouveau les yeux, et cette fois-ci elle n'eut pas besoin de chercher longtemps avant que son regard ne rencontre celui du Commandant qui ne la quittait pas des yeux. Elle lui sourit faiblement et il prit sa main entre les siennes, embrassant chacun de ses doigts avec tendresse.

- Je suis là Alice, je ne te lâcherai pas.

Jacques attendait avec Paul dans le hall de l'hôpital. Impossible pour le petit garçon de voir sa maman en Réanimation, il devrait attendre encore quelques jours. Marquand arriva vers de Jacques pour qu'il puisse prendre son relais auprès d'Alice ; il rentra avec Petit Paul dans l'appartement de la Juge et essaya de se détendre en préparant le dîner avec l'aide assidue du petit bonhomme. Curieusement, partager ces instants d'intimité avec Paul, se confronter à la douceur d'une soirée simple et chaleureuse, se retrouver au milieu de l'appartement d'Alice et entouré par toutes ses affaires personnelles, cela l'apaisait.

Quand Jacques rentra de l'hôpital, plutôt rassuré par la relative stabilité de l'état de santé de sa fille aimée, il trouva Marquand et Paul calmement en train de jouer, assis sur le tapis, au pied de la table basse du salon. Les choses avaient l'air apaisées et les trois hommes, toutes générations confondues, parlèrent chaleureusement de celle qui comptait tant pour chacun d'entre eux. Le temps des reproches n'était pas encore venu, peut-être même n'y aurait-il pas besoin qu'il advienne...

***

Victor Lemonnier s'apprêtait à se lever de son bureau quand il vit la porte s'ouvrir pour laisser entrer le Juge qui remplacerait Alice durant son absence. Un jeune homme, le même d'ailleurs qui avait pris ce poste lors de la naissance de Paul, Benoît Lesieur. Même si le charme féminin n'était pas la principale source d'intérêt de Lemonnier neveu, il sentit bien qu'avec ce remplaçant, on serait loin de la grâce lumineuse et de l'aura que distillait Alice à chacune de ses apparitions, même lorsqu'elle était en colère ou malheureuse, comme tous ces temps derniers quand les obstacles s'étaient accumulés dans sa vie.

***

Noah croqua une poignée de graines de soja grillées en quittant le Casino. Dans son dos, par une haute fenêtre du bâtiment, un homme l'observait, un sourire satisfait flottant sur ses lèvres. Ca n'était pas ce petit Lieutenant qui pourrait découvrir ce qui s'était passé ici.

Un voiture passa au loin et comme le temps s'était un peu radouci, on entendait la musique qui passait par la fenêtre entr'ouverte du véhicule. C'était cet air intimiste et enveloppant, « Pride » du groupe Syntax.

***

Alice, à présent seule, passa à nouveau sa main sur les pansements sur son ventre. C'était une chose de toucher ces plaies douloureuses sous ces compresses, ça faisait mal et ça faisait peur aussi.

C'en était une autre de poser sa main sur un ventre à peine arrondi et de sentir la vie y grandir chaque jour.

Elle se remémora sa grossesse. Les premiers mouvements du bébé, c'était Marquand qui lui avait expliqué à quoi cela devait ressembler ; Matthieu était en prison et jamais des mains d'hommes n'étaient venues se poser sur cet enfant à venir.

Pourtant, ça devait être si bon de partager cela avec l'homme aimé.

***

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant