Alice se réveilla en pleine nuit, le cœur battant.
Cette fois-ci, ça n'était plus possible pour elle d'attendre.
Elle avait patienté, elle était partie se protéger, prendre du recul pour ne pas souffrir à chaque instant de son absence, de son silence.
Elle s'apprêtait à lui dire qu'elle était prête à porter son enfant.
Elle ne l'avait jamais revu depuis, et elle était là, fuyant la réalité en se nourrissant de l'amour fusionnel qu'elle portait à son fils, et de la chaleur de l'amitié d'un homme bienveillant depuis toujours.
Mais cette fois-ci, ça n'était plus possible.
Peu lui importait l'heure, peu lui importait si elle le réveillait, où qu'il soit. Elle avait besoin de l'entendre maintenant. Elle voulait écouter sa voix rauque et elle prévoyait que quoi qu'il dise, le bonheur de l'entendre enfin serait plus fort que tous les mots qu'il pourrait prononcer.
Mais elle savait aussi qu'elle parviendrait à lui cacher cette joie. Après tout, elle avait tellement souffert à cause de lui. Il devait comprendre; elle l'aimait, mais s'il n'était pas capable de se maîtriser, elle passerait par-delà cet amour, même s'il lui en coûtait.
Alice prit une longue inspiration.
Elle saisit son téléphone portable.
C'était le moment, ni plus, ni moins.
***
Transi, épuisé mais enfin prêt à se regarder en face, même s'il savait d'avance que ce serait extrêmement difficile et douloureux, Marquand se dit que c'était enfin le moment.
Il ne se souvenait même plus pourquoi il était parti si loin d'elle, pourquoi il avait accepté avec une part d'autodestruction, d'aller avec Juliette en Allemagne, risquer sa vie, si loin de tout.
Il regarda la porte de Brandebourg, la sculpture avec le char, et les quatre chevaux.
Puis il saisit son téléphone, le manipulant avec maladresse à cause de ses doigts blessés et engourdis par le froid.
***
Elle était au chaud, sous ses couvertures, son fils serré contre elle, son petit visage collé contre la peau de son bras. Il dormait apaisé, les traits détendus, sa main reposant ouverte sur le ventre de sa mère. Quand Paul dormait avec Alice, il avait toujours besoin d'être en contact physique avec elle, de la chercher même au plus profond de son sommeil, inconsciemment, jusqu'à ce que sa main la rencontre. Alors il repartait dans ses songes, un sourire sur son petit visage.
Alice contempla son fils à la lueur de la lune qui brillait derrière la fenêtre.
Elle avait son téléphone dans sa main.
Elle l'alluma, il était temps.
Elle allait se desserrer, s'éloigner de Paul pour s'enfermer dans la salle-de-bains, comme une adolescente cherchant à éviter ses parents, ou une épouse, son mari soupçonneux.
Le téléphone vibrant dans ses mains la surprit :
Elle ne s'attendait pas à recevoir un appel en pleine nuit.
Son cœur s'arrêta de battre lorsqu'elle vit apparaître sur son écran le visage de Marquand.
Elle sauta en bas de son lit, traversa le salon, tout en décrochant.
Elle se laissa tomber dans le canapé qui accueillait ses longues discussions du soir avec Lemonnier.
Ce foutu Commandant.
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La Peur du Vide
FanfictionFan-fiction faisant suite à la série Française "Alice Nevers, le Juge est une femme" (Suite de la saison 12 diffusée au printemps 2014). Alice Nevers est Juge d'Instruction à Paris. Elle mène une vie bien remplie, avec son fils Paul, de 5 ans, issu...