Chapitre 79 : Connivences

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- C'est quoi, le putain de lien entre les deux ?

Marquand était nerveux, agacé de ne pas avoir de réponse à ses questions.

Impatient aussi de trouver un élément qui lui donnerait de l'espoir, qui diluerait la culpabilité de Fabien Vauban, qui la diviserait par deux s'il n'était pas le seul coupable, si Romain était impliqué aussi.

Il se rendit compte qu'il était même quasiment prêt à fermer les yeux sur la culpabilité de Fabien si cela pouvait contribuer à lui rendre Alice.

Son portable sonna.

- Docteur Rafael ? Oui, je sais, c'est normal qu'Alice ne réponde pas... C'est un peu compliqué. Lui demander de venir de faire hospitaliser ? Mais je ne rêve que de ça ! Seulement elle a été prise en otage par un malade dans un hôpital psychiatrique.

L'appel du médecin venait d'augmenter d'un cran la tension de Marquand. Au risque qu'Alice se fasse agresser, s'ajoutait celui que son était de santé empire au fil des heures.

- Bon, on va faire simple, conclut Marquand. On rentre, on le maîtrise. En trois minutes le problème est résolu.

- Ou alors la peur de Fabien précipitera les événements, compléta le Docteur Muller. Nous savons à présent que lui et Romain ont dissimulé leurs traitements depuis plusieurs jours. Fabien pourrait être difficilement contrôlable, et complètement imprévisible. On va plutôt essayer de tenter autre chose. On va lui parler du rôle de Romain. On peut lui expliquer qu'on a compris qu'il n'était pas le seul coupable. Ca peut le rassurer un peu.

Marquand n'était pas satisfait de cette moitié de réponse qui ne lui permettait pas d'entrevoir une issue à brève échéance.

Puis, le docteur Muller reçu un appel de ses confrères urgentistes, l'informant du décès de Romain. Son visage se ferma.

Cette nouvelle pouvait tout bouleverser, mais ce silence éternel était surtout une menace de plus pour Alice.

***

Dans son esprit, la manière d'agir commençait tout doucement à se mettre en place.

Alice ressentait le début d'un espoir. Bien sur, elle était totalement sur ses gardes, essayant de contrôler chaque geste et chaque mot qui émanaient d'elle.

Mais elle sentait qu'elle avait pu débuter une sorte de lien avec cet homme qui la menaçait et la retenait en otage.

Un tout début de quelque chose qui ressemblerait à de la confiance.

- Fabien... Je crois qu'on se sent un peu plus à l'aise à présent ; on peut envisager de parler. J'ai besoin que vous me racontiez ce qui s'est passé avec Marie. C'est possible pour vous de me dire ce que vous en savez ?

Fabien se redressa sur sa chaise, tous ses sens en éveil. Etait-ce un piège, comme savaient si bien les tendre toutes ces personnes qui avaient voulu le manipuler depuis toujours, le maintenant dans un perpétuel abîme de faux-semblants?

Fabien avait toujours eu énormément de difficultés à comprendre ce qui se passait autour de lui. Ses limites entre le bien et le mal étaient floues, changeantes. Trop d'insécurité, trop de mensonges, et lui au milieu, pris à parti jusqu'à en perdre la raison.

Mais cette femme qu'il détenait ne paraissait pas compliquée ou pire, malveillante. Quand elle avait peur, son regard exprimait la peur, ses gestes évoquaient la peur, et il pouvait ressentir sa peur. Quand elle parlait de sa manière loyale de mener ses enquêtes, il sentait que c'est ainsi qu'elle procédait. Il n'y avait pas de masque, elle ne se cachait pas derrières des artifices. Il n'y avait pas de message à décoder ; tout paraissait clair.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant