Chapitre 86 : Regards croisés

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- Je vais devoir rentrer, dit Marquand.

- Je raccompagne Julia à son hôtel, lui répondit sa fille.

Ils se levèrent tous les trois.

Juliette regarda son père s'approcher de son amie. Elle leur faisait confiance à présent.

Il y avait un sourire très doux sur les lèvres de Marquand quand il s'approcha de la jeune-fille.

« Presque paternel », songea Juliette avec comme une pointe de jalousie dont elle ne comprenait pas la signification.

Il passa sa main dans ses boucles blondes, balayant délicatement du pouce une larme qui s'était accrochée à ses cils.

- Au revoir, Julia. Le monde est grand mais quand on s'y croisera à nouveau, je n'oublierai pas que je t'ai connue et je regarderai quelle belle jeune-femme tu es devenue.

Juliette traduisit machinalement, s'imprégnant surtout des paroles de son père et de leur signification, qu'elle trouva belle et un peu inattendue venant de lui.

Ou peut-être pas si inattendue que ça finalement ; il avait tellement changé, son père.

***

- Fred, tu étais où ?

Alice se redressa avec encore de la difficulté sur le canapé ; elle avait toujours un peu mal et elle se sentait tiraillée par les séquelles de son hyperstimulation.

Tout le monde pouvait lire de la gravité sur le visage de Marquand. Un peu comme s'il venait de croiser un revenant.

Comparaison qui n'était au final pas tellement loin de la réalité.

Il n'avait rien fait pour que le passé le rattrape, mais c'est finalement ce qui avait fini par se produire : Julia était revenue et il allait devoir le dire à Alice.

Il s'approcha d'elle et lui tendit la main pour l'inviter à se lever.

- Viens mon Ange, on va aller dans notre chambre, je dois t'expliquer.

Alice avait les sourcils froncés lorsqu'elle se leva pour le suivre. Elle n'avait pu que ressentir le malaise palpable lorsque Paul avait demandé :

-« C'est qui, Elle ? ».

Marquand était un être tout en contrastes, entre fureur de vivre, colère, et délicatesse infinie. Et de mieux en mieux, il parvenait à gérer les traits impulsifs de son caractère âpre.

Même s'il lisait une interrogation quasi hostile dans les yeux d'Alice, qu'il sentait qu'elle était prête à exploser, il savait qu'il devait garder son calme.

Il referma la porte de la chambre silencieusement derrière eux. Il s'approcha d'Alice. Il pouvait sentir qu'elle était sur la défensive. Il la prit doucement dans ses bras, il voulait qu'elle se sente protégée.

- Fred, ce n'est pas mon parfum dans ton cou.

- Je le sais. C'est celui de Julia. Elle est venue de Berlin, elle est venue pour... me parler.

Alice se raidit et s'écarta de lui.

- Et tu l'as revue, c'est ça ?

- Elle a trouvé Juliette et lui a dit qu'elle voulait me voir. Elle était là, dans la cour, alors j'y suis allé.

- Et tous les gens qui veulent te parler, t'embrassent dans le cou ? Fred, s'il-te-plaît, ne me prend pas pour une idiote.

- Elle ne m'a pas embrassé, Alice. Elle a pleuré. Elle a pleuré parce qu'elle savait déjà la réponse à sa question.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant