Chapitre 65 - Demain peut-être...

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La journée avait été longue pour tous.

Noah était reparti ; probablement que Léa l'attendait pour accueillir entre ses bras son jeune Lieutenant dont elle appréciait chacune des visites, car avec elle il vivait chaque instant intensément sans jamais parler du lendemain.

Laissant les jeunes parents avec leur toute petite Apolline, Marquand et Alice traversèrent l'entrée du service de gynécologie pour rentrer se reposer.

Dans l'appartement d'Alice, ou dans leur appartement, ils ne savaient toujours pas et ils n'avaient pas envie de se poser de questions. Chercher à rendre les choses plus claires, c'était prendre le risque de les rendre trop définitives. Et tacitement, aucun d'eux n'avait envie de prendre ce risque.

Dans le hall, il y avait des affichages informant les usagers du nom des praticiens exerçant dans le service.

-« Regarde Fred, il y a le nom du docteur Rafaël ! C'est ici que nous devrons venir pour... ».

C'était difficile à envisager, le fait que c'est dans ce service que reposerait à un moment leur espoir d'avoir un enfant qui serait le leur. Un peu surréaliste, mais c'était ainsi.

- Mon Ange... Derrière laquelle de ces portes ... Je vais devoir penser fort à toi... mais sans toi?

- Je serai là par la pensée...

- Oui, eh bien je t'informe que ça n'est pas tout-à-fait la même chose.

- Oh Commandant, c'est juste une question d'imagination ! Vous avez besoin... d'une répétition ?

- Une répétition ? Hum j'aime l'idée... Ça sera peut-être plus facile en effet... si j'ai de bons souvenirs à me remémorer.

- En plus c'est juste pour une noble cause que je vous le propose, Commandant !

- J'aime défendre les nobles causes, Madame le Juge, et je me soumets à votre sentence.

Il sentit son coeur accélérer ses battements dans sa poitrine.

Elle sourit en imaginant ce qu'ils s'apprêtaient à faire, comme des jeunes-gens se cachant de leurs parents, ou comme un couple adultère.

Le laboratoire était désertique en cette fin de journée. Les petites pièces qui servaient à accueillir les hommes en mal d'enfant étaient inoccupées, le comptoir où officiait la secrétaire en journée, fermé.

Il observa chaque détail de cette grande cabine, essayant de graver dans sa mémoire la couleur des murs, la disposition du fauteuil, et d'y associer la notion du plaisir pris avec Alice, qui fermait les yeux en le recevant.

Cela lui serait utile, un jour, et il espérait que ce jour-là arrive vite.

***

Un autre homme l'avait vu dissimuler les médicaments dans la poche de son pantalon. Lui-même y avait déjà pensé, mais jusqu'à présent il n'avait jamais osé le faire. Ces cachets étaient tellement apaisants, même s'il trouvait parfois que c'était un peu ennuyeux tout ce calme dans sa tête. Il s'était souvent demandé s'il valait mieux sentir son esprit vide, ou plutôt fourmillant d'idées, même si certaines d'entre elles étaient obsédantes, voire même source de souffrances.

Mais si l'autre homme y était parvenu, si l'autre parvenait à le vivre et à en sourire, certainement qu'il pouvait le faire aussi.

Il garda les cachets sous sa langue, essayant de ne pas trop les humecter de sa salive. Il les recracherait plus tard, dès qu'il pourrait.

Il ne savait pas où tout cela le mènerait, mais pour la première fois depuis longtemps, il eut la sensation de maîtriser une partie du cours de son existence.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant