En état de choc, Manuel resta longtemps dans le couloir de l'hôpital. Il ne savait plus où il en était, il n'arrivait pas à faire face, il ne parvenait plus à organiser ses pensées.
La mort brutale de Rodolfo, avec lequel il travaillait en toute complicité depuis des années, le prenait totalement au dépourvu.
Mais quand le médecin lui demanda l'identité de son patient décédé, il commença à se ressaisir. Vite, lui trouver un faux nom. Promettre qu'il reviendrait le lendemain avec tous les papiers nécessaires.
Paraître crédible, faire croire qu'il était trop sous le choc pour effectuer les formalités maintenant.
Dire qu'il avait besoin d'être seul quelques heures, et qu'ensuite il se sentirait un peu mieux, et apte à répondre à toutes les demandes.
Il partit en laissant derrière lui le corps de feu Rodolfo Victorino, rebaptisé «Rodolfo Benedicto » à la hâte, parce que c'était le premier nom qui lui était venu à l'esprit.
Il partit sans se retourner, et en sachant très bien qu'il ne reviendrait pas sur ses pas.
Il allait dormir quelques heures, parce que son corps et son esprit épuisés ne lui permettaient pas de faire autrement.
Le lendemain, il quitterait Pucallpa.
Ce corps était bien trop encombrant, dans cette petite ville du bout du monde.
***
Enfin, un éclair se produisit, dans le regard d'une hôtesse de l'air, quand ses yeux se posèrent sur les portraits robots que brandissait un des policiers.
Elle pensait en effet les avoir aperçus. En partance pour Helsinki.
La capitale de la Finlande.
Tout cela paraissait cohérent avec l'origine supposée du couple. Tout dans leurs caractéristiques physiques, et dans cette langue totalement incompréhensible que plusieurs protagonistes avaient entendue - les hôteliers, la secrétaire de la clinique - laissait à penser qu'ils étaient originaires d'un pays de la Scandinavie.
Le policier héla ses collègues. Léa et Marquand, qui avaient fini par s'assoupir dans les fauteuils moelleux d'un salon réservé aux voyageurs de première classe, veillant mine de rien l'un sur l'autre avant d'être happés par le sommeil, furent immédiatement prévenus.
Un peu impressionnée par l'intérêt de toutes ces personnes autour d'elle, l'hôtesse comprit que ce qu'on attendait d'elle avait beaucoup d'importance, et elle essaya au mieux de faire appel à sa mémoire.
- Ils avaient l'air si proche... Comme fusionnels... Ils étaient assis près de l'issue de secours. Tout le monde convoite ces places, parce que les sièges de devant sont un peu plus espacés qu'ailleurs dans l'avion. On les réserve pour les passagers qui ont des problèmes de mobilité, ou pour les femmes enceintes par exemple. C'est d'ailleurs ce que m'avait dit l'époux : que sa femme était fragile parce que sa grossesse se déroulait avec beaucoup de difficultés... C'est pour ça que je me souviens d'eux un peu plus précisément.
Marquand serra son poing dans sa poche. Cette femme qui osait se faire passer pour enceinte, c'était insupportable pour lui.
- « En fait c'est juste une voleuse » maugréa-t-il.
Léa voyait sa colère, tout comme il avait vu sa détresse en arrivant à Barcelone.
Elle s'approcha de lui, et entoura doucement son poignet de ses doigts, pour lui permettre de ne pas partir trop loin dans les émotions ingérables.
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La Peur du Vide
FanfictionFan-fiction faisant suite à la série Française "Alice Nevers, le Juge est une femme" (Suite de la saison 12 diffusée au printemps 2014). Alice Nevers est Juge d'Instruction à Paris. Elle mène une vie bien remplie, avec son fils Paul, de 5 ans, issu...