Chapitre 81 - La fin de ce jour-là

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- Oh, Jacques, quelle bonne surprise !

Juliette était tout étonnée de voir le père d'Alice devant la porte de l'appartement où elle terminait tranquillement son séjour sur Paris avec Matthias.

Juliette avait fait connaissance de sa sœur, de sa toute petite nièce. Elle avait retrouvé avec bonheur la proximité de son père ; elle l'avait vu si fusionnel avec Alice pendant tout le traitement pour la FIV. Avec Matthias, elle avait aussi partagé de magnifiques moments de découverte et de partage dans la Capitale.

Les vacances étudiantes prendraient bientôt fin et ils allaient devoir regagner Berlin. Ce serait aussi le moment de prendre des nouvelles de Julia. Elle était moins insistante depuis quelques jours, mais Juliette ne se sentirait rassurée que lorsqu'elle la verrait pour de bon.

Julia avait toujours été une jeune-fille calme et raisonnée. C'était un peu déroutant pour son amie, de se demander ce qui avait pu la faire devenir aussi pugnace et décidée dès lors que son chemin avait croisé celui de son père. Bien sûr Juliette se doutait forcément de ce qui avait pu se passer ; mais évidemment elle se refusait à en admettre ne serait-ce que l'idée. Et elle n'avait pas besoin non plus qu'on lui explique l'évidence. Mais au-delà de toute considération physique et sensuelle, elle se demandait ce qu'il avait pu lui promettre pour que l'idée même de ne plus le revoir, soit insupportable pour Julia.

Peut-être qu'il n'avait rien promis. Peut-être qu'elle avait juste aimé la tendresse et la force de ses bras. Comme elle-même lorsqu'elle était petite et y trouvait refuge.

Juliette secoua la tête. Tout se mélangeait et c'était terriblement agaçant, voire dérangeant. Le contact de son père avait toujours été une ressource pour elle. Mais pour Julia il en était tout autrement. Alors qu'elles avaient le même âge.

Bon sang, comment avait-il pu ?

- Euh, Juliette, je peux entrer ?

La voix de Jacques la fit redescendre sur terre.

Elle sourit et chassa ses pensées de sa tête. Son père avait plu à Julia dès le premier instant, elle l'avait vu. La suite n'était que l'aboutissement de toute la spirale d'autodestruction qu'il traversait à ce moment-là. Il n'allait pas bien et elle en avait profité. Elle avait su utiliser le fait qu'il aimait les femmes. Rien de plus.

En tous cas c'est ce dont elle se persuada, en regardant Jacques avec son sourire éblouissant de jeune-fille heureuse et pleine d'espérance pour tous les temps à venir.

Elle fit entrer Jacques et partit préparer du café. Matthias arriva sur les entrefaites, accompagné de Paul qui ne le lâchait pas, s'amusant depuis plusieurs jours à prononcer quelques mots d'Allemand.

L'arrivée inopinée du père d'Alice, en cette fin de journée, apportait une note de gaité à une atmosphère qui était déjà plutôt joyeuse depuis que toute cette jolie famille improvisée et juxtaposée, avait élu domicile sous le même toit.

Chez Alice, chez Marquand, chez Paul, personne ne le savait vraiment, mais tout le monde était certain qu'il ne servait à rien de chercher à qui appartenait l'endroit. L'essentiel était que ce toit hospitalier les accueille tous, heureux et joueurs, amoureux ou rêveurs.

Vivants, surtout, et c'était là l'essentiel.

Alors en attendant le retour des propriétaires, de ceux par lesquels tout avait commencé, de ceux qui faisaient le lien entre eux tous, ils firent tous les quatre ce qu'ils savaient si bien faire, ce qu'ils aimaient si bien faire.

Ils se serrèrent sur le canapé et les fauteuils, ils prirent un café et se mirent à bavarder. Juliette traduisait pour Matthias. Petit Paul aussi, au grand amusement des adultes. A leur plus grande fierté aussi.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant