Chapitre 41 : Aurores

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Alice tremblait de froid dans son lit.

Marquand frissonnait sur son matelas.

Juliette berçait Matthias qui grelottait, entre fièvre et température en dents de scie, et tenant des propos incohérents.

Noah, dans l'air frais du milieu de la nuit, claquait des dents en marchant dans les halls de Roissy, traversés de courants d'air, regardant sans les voir les touristes prêts à partir sous les Tropiques.

Presque dans un autre monde, en somme.

***

Se frottant toujours l'arrière du crâne, Marquand s'assit et essaya de se concentrer.

- Juliette, ont-ils parlé de ce qu'ils comptaient faire de nous ?

- Non papa, pas devant nous en tous cas. Mais je ne suis pas très optimiste. S'ils se sentent traqués où s'ils reçoivent des consignes de supérieurs, ce genre de type peut vite devenir incontrôlable.

- Oui, c'est bien ce que je pense aussi, leur comportement et leurs « opinions », rien que ça, et on a compris à qui on avait affaire. On doit se préparer à se battre, Juliette. Quand ils reviendront, on doit essayer de passer.

- Mais Matthias ?

- Dans l'état où il est, il ne représente pas une menace pour eux dans l'immédiat. Il y a une chance qu'ils ne s'en préoccupent pas tout de suite.

Juliette soupira et Marquand l'entendit.

- Viens près de moi ma fille...

Elle se réfugia dans les bras de son père, s'appuyant contre son épaule. Même s'il était tout autant menacé qu'elle, elle se sentit apaisée l'espace de quelques secondes, bien à l'abri tout contre sa poitrine, entendant son cœur battre tout aussi vite que le sien, s'apaisant au contact de sa respiration régulière. Pendant quelques instants, elle se sentit redevenir une petite fille, protégée du monde vaste et menaçant, cachée derrière la silhouette rassurante de son père.

Mais bien sûr cela ne pouvait pas durer, au vu de leur situation.

- Quand ils descendront, il faut qu'on soit prêts tous les deux. On va essayer de trouver quelque chose, n'importe quoi, pour se battre, et on jouera de l'effet de surprise.

Il n'y avait rien dans cette pièce, ils avaient beau tâtonner à l'aveugle dans chaque recoin, elle était vide mis à part un sceau métallique qui avait été déposé là en guise de lieu d'aisance pour Matthias. Marquand faillit d'ailleurs le renverser en se déplaçant dans l'obscurité. Il maugréa puis un sourire se dessina sur ses lèvres, à son insu.

Après tout, l'arme était du même niveau que l'idéologie des agresseurs

Il informa Juliette qui ne s'attarda pas en soupirs de dégoût. Elle avait le caractère décidé et fonceur des Marquand. Et même si, comme son père, elle avait le goût des belles choses et d'un certain degré de raffinement, elle savait aussi aller à l'essentiel quand le besoin s'imposait.

Et là, il s'agissait probablement de leur survie.

Alors ce sceau sale ferait très bien l'affaire.

***

Le pâle soleil de mars sortait difficilement de la gangue de brouillard qui semblait vouloir l'engluer à tout jamais, lorsque l'avion se posa sur la piste.

Arrivé à la porte de l'appareil, Noah huma l'air froid de ce pays dans lequel il se rendait pour la toute première fois.

Il mourrait d'envie de la dire, sa phrase mythique, même s'il n'y avait personne pour l'entendre ni pour en rire avec lui.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant