- Julia ?
Juliette secoua doucement son amie encore endormie.
- Julia, wach'auf !
Julia ouvrit péniblement les yeux, essayant rapidement de se situer. Un grand lit avec Juliette près d'elle, cette chambre d'hôtel où la lumière peinait à pénétrer, accentuant encore son impression de ne pas trop savoir où et quand, elle se trouvait réellement.
Elle se souvint de leur soirée, des cocktails avalés, de tout le mal qu'elles avaient dit des hommes, en riant, juste pour mieux échapper à l'importance qu'ils avaient dans leur vie.
- Alice woll mit dir sprechen. Jetzt. Aujourd'hui, elle dit qu'elle veut te voir et te parler.
Julia s'assit dans le lit, repoussant en arrière une mèche de ses boucles blondes qui lui tombaient dans les yeux, emmêlées par sa nuit chaotique.
Elle grimaça en entendant les propos de Juliette et son regard bleu se troubla d'incertitude.
- Pourquoi ?
Juliette haussa les épaules pour signifier qu'elle ne savait pas trop quelle était la réelle intention qui se cachait derrière cette demande.
Alice avait été catégorique au téléphone. Elle avait une voix qui n'incitait pas à la discussion, à la négociation. Alors Juliette avait obéi, même si elle n'avait au fond d'elle aucune envie que cette confrontation ait lieu.
Confrontation à laquelle, comme à l'accoutumée, elle se trouvait contrainte d'assister, puisqu'elle devrait en assurer la traduction. A nouveau, prise au piège et forcée à subir les conséquences de l'inconséquence de son père. Entendre des choses qu'elle n'avait pas envie d'entendre, défendre l'indéfendable, soutenir l'une, accompagner l'autre.
Elle commençait à saturer, Juliette. Son retour à Berlin serait finalement un soulagement, même si elle s'éloignait des siens, et qu'elle savait que Lucie devrait prendre son relai. Sa position était si inconfortable... Gérer l'incartade de son père, c'était une responsabilité dont elle souhaitait au plus vite s'affranchir. Et elle souhaitait aussi que sa sœur aînée ne soit pas prise dans le même piège.
Elle ne le savait pas encore, mais Lucie était déjà, elle aussi, en train d'assumer sa part du fardeau.
***
Pour l'heure, le fardeau que constituait Marquand à lui tout seul, se considérant un peu comme un pilote qui aurait activé son siège éjectable, déambulait dans toutes les pièces de son ancien appartement. La seule pièce qu'il parvenait à éviter était la chambre où dormait Apolline. Il ne maîtrisait aucun élément, et de fait c'était une des choses qu'il supportait le moins : être pieds et poings liés, attendant une réponse, ou plutôt même une sentence.
- Papa ? Tu ne veux pas aller marcher un peu, là, ou faire un footing, ou de la boxe ? C'est juste pas possible, tu ne vas pas rester comme ça jusqu'à...
- Jusqu'à quoi ? Que je sache ce qu'Alice va décider ? Mais tu crois que je peux penser à autre chose ? Lucie ! Ce sont nos embryons... C'est mon avenir avec Elle... Tu veux que je fasse quoi?
- A part user tes semelles en effet, je ne sais pas ce que tu fais pour le moment. Mais utilise-les au moins pour te défouler au lieu de piétiner et me suivre partout !
Excédé, il ne savait pas si c'était à cause de la situation ou de la remarque de sa fille, Marquand quitta le salon. Lucie le suivit de près, elle regrettait déjà ses paroles un peu sèches. Elle l'avait assez vu fonctionner et s'emporter, pour savoir qu'elle ne pouvait pas le laisser livré à lui-même. Elle et Juliette, elles se l'étaient promis la veille, elles devaient pallier momentanément aux insuffisances et aux colères des uns et des autres.
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La Peur du Vide
FanfictionFan-fiction faisant suite à la série Française "Alice Nevers, le Juge est une femme" (Suite de la saison 12 diffusée au printemps 2014). Alice Nevers est Juge d'Instruction à Paris. Elle mène une vie bien remplie, avec son fils Paul, de 5 ans, issu...