Alice se réveilla tôt.
Elle tendit le bras. Pas besoin de l'allonger jusqu'au bout, sa main rencontra tout de suite la douceur du corps chaud tout près d'elle.
Elle sourit, se releva un peu et s'appuya sur le coude pour le regarder.
Son sommeil était un peu moins tourmenté depuis leur retour de Belgique. Moins de cauchemars.
Elle observa les traits de son visage dans la clarté frileuse du petit matin. Ils étaient détendus. Elle suivit tout doucement, du bout des doigts, la ligne de sa barbe naissante, depuis la peau fragile près du lobe de son oreille, jusqu'à la pointe de son menton.
Elle le vit sourire ; toujours sont petit air de canaille. Il gardait les yeux fermés, comme s'il dormait encore.
Il aimait bien ses gestes doux sur sa peau. Peut-être que d'autres l'avaient déjà caressé comme elle le faisait. Mais il ne cherchait pas à savoir qui. Ce qui lui importait, c'étaient ses gestes à Elle.
Il entrouvrit tout doucement les yeux, pour la regarder à son insu.
Il laissa sa main se faufiler sous les draps, à la recherche de sa cuisse pour y esquisser une caresse.
Il s'attarda sur sa peau, scrutant son visage pour essayer de déchiffrer son expression. Sourirait-elle, signe qu'elle appréciait ce qu'elle ressentait ? Prendrait-elle cet air un peu concentré, comme si son esprit s'apprêtait déjà à décoder et retranscrire les messages reçus, et à les transformer en début d'invitation à un plaisir certain ?
Il regarda son visage.
Sa main rencontra une aspérité inattendue.
Alice ouvrit les yeux brutalement.
Et puis directement, le message fulgurant de la douleur se transmit à sa conscience.
- « Aïe ! »
Marquand retira sa main brusquement.
Il s'attendait à toutes les réactions, mais certainement pas à celle-ci.
***
La confiance s'était installée progressivement entre eux deux.
Non pas une confiance comme celle qui unirait deux êtres dont le libre-arbitre était total, bien évidemment.
Parfois, l'un comme l'autre avaient conscience que ce qu'ils pensaient être leur choix, n'était en fait qu'une illusion de choix.
Par exemple, Romain avait régulièrement le sentiment que sa mère interférait dans ses décisions. Souvent brutalement, d'ailleurs, et souvent aussi, de manière désagréable. Comme à son habitude, habitude qu'il détestait chez elle, son avis faisait irruption dans son esprit, sans crier gare, et commentait ses actes.
Mais il parvenait à s'en accommoder. Après tout, jusqu'à présent, elle ne lui avait pas donné d'ordre impérieux, comme elle l'avait déjà fait auparavant. De ce fait, Romain se sentait relativement libre de ses actes.
Il avait développé pour Fabien une admiration sans bornes. Il paraissait tellement bien maîtriser chaque chose qu'il faisait.
Il n'y a qu'un domaine où il se montrait vulnérable, c'est quand Romain essayait, une nouvelle fois, de lui faire raconter ce qui l'avait amené entre ces murs maudits, dix ans auparavant.
Mais ce qui comptait, c'est qu'à chaque repas, leur connivence se renouvelait et les poussait à continuer ce qui était devenu leur rituel, leur lien mutuel.
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La Peur du Vide
FanfictionFan-fiction faisant suite à la série Française "Alice Nevers, le Juge est une femme" (Suite de la saison 12 diffusée au printemps 2014). Alice Nevers est Juge d'Instruction à Paris. Elle mène une vie bien remplie, avec son fils Paul, de 5 ans, issu...