Chapitre 18 - Vies en transit

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Les jours passèrent.

Jacques était reparti à Dijon.

Marquand passait ses journées au travail, accompagnant chaque matin Paul à l'école avant de prendre son service. Le petit garçon était tout heureux et fier d'avoir son « parrain policier » avec lui tous les jours. Il était calme et paisible comme jamais.

Alice se reposait ; ça n'avait pas été facile pour elle au début, mais elle avait fini par y prendre un certain plaisir. Elle avait entrepris d'imprimer et de classer en albums toutes les photos de Paul depuis sa naissance, activité qu'elle n'avait jamais pu trouver le temps de faire auparavant.

Ses plaies cicatrisaient correctement, l'infirmière avait enlevé les fils, elle ne portait plus de pansements et avait acheté une pommade cicatrisante en espérant que les marques externes de son agression finiraient par s'estomper.

Elle savait que les cicatrices internes resteraient à vif bien plus longtemps.

Victor passait régulièrement la voir à l'appartement, la délectant d'anecdotes croustillantes sur ce qui se passait en son absence au Palais, notamment à propos des relations de Marquand, Noah & Lesieur. Il y avait de nombreuses enquêtes en cours et Victor disait à Alice toute son impatience de la retrouver.

Lucie aussi venait régulièrement. Elle s'approchait tout doucement du terme de sa grossesse, et Alice se sentait curieusement ambivalente par-rapport à cette naissance à venir. Elle était impatiente de voir enfin la bouille de ce bébé, mais en même temps elle appréhendait ce moment, ce qu'il déclencherait en elle et en Marquand. Un jour que Lucie lui avait proposé de venir avec elle faire quelques achats pour le bébé, elle avait même refusé, sans trop comprendre les raisons de sa réaction.

Simon avait repris ses études de médecine en s'inscrivant en Fac à Paris ; ce second semestre d'externat s'avérait particulièrement ardu pour lui.

Marquand s'était pour le moment installé chez Alice, laissant Lucie et Simon profiter de son appartement au moins jusqu'à ce que leur situation devienne plus stable.

Ca n'était pas toujours facile pour lui de rentrer dans le moule de cette vie bien rodée. Alors parfois il ressortait faire un tour ou s'attardait au bureau.

Alice le sentait, il avait besoin de briser cette routine. D'ailleurs, elle aussi commençait à se lasser de cette période ; elle avait profité de moments tranquilles, doux, mais à présent elle aspirait à autre chose.

D'autant que, pour éviter toute tentation tant que ses blessures ne seraient pas totalement cicatrisées, Marquand avait décrété le matin même qu'il irait dorénavant dormir dans le canapé.

Si près d'elle, mais en même temps tellement trop loin.

Alors, Alice organisa tout.

Coup de fil en douce à Lucie.

Coup de fil en douce à la baby-sitter.

Coup de fil en douce au petit restaurateur Italien que son père avait réquisitionné un soir il y a plusieurs années, le soir où ils avaient échangé leur tout premier baiser.

***

Ce soir là, quand Marquand rentra de la Brigade, il fut accueilli par une Alice éblouissante. Elle portait une belle robe noire cintrée, toute simple, avec son collier fétiche comme seul bijou. Il étincelait sur sa peau, et la sobriété de sa tenue mettait en valeur sa beauté naturelle.

Ravi, il la regarda de la tête aux pieds et lui murmura toute son admiration.

Petit Paul, très en forme, sautait partout en disant que la baby-sitter allait venir le garder et qu'ils pourraient regarder ensemble un dessin animé.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant