Chapitre 33 - Toujours plus loin

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Des heures d'autoroute, avec les yeux qui piquent après cette nuit sans sommeil.

Mille kilomètres à parcourir pour aller d'une capitale à l'autre...

Par chance, dès qu'ils avaient passé la frontière avec l'Allemagne, Marquand avait pu appuyer sur l'accélérateur. La plupart du trajet se déroulait sur des portions dont la vitesse n'était pas limitée.

Rouler très vite, ça faisait monter l'adrénaline dans son sang. Tous ses sens étaient maintenus en éveil par la nécessité d'être hyper vigilant quand on roule à 200 km/heure, rivalisant avec les BMW, Audi et autres Mercedes. Leurs conducteurs ne se privaient pas de faire des appels de phare pour toujours, toujours rester sur la voie de gauche.

Toujours plus vite, toujours plus d'intensité dans chaque instant.

Ca plaisait bien à Marquand, qui se sentait à son aise dans cette conduite à grande vitesse.

Il se sentait en vie.

Il laissait Paris loin derrière lui.

Paris, Alice, et tout ce qu'il cherchait à fuir.

- Je vois que la conduite en Allemagne te plaît papa !

Juliette avait été peu bavarde au début du trajet. Ca n'était pas facile de rétablir le contact avec une personne dont on avait été séparé plusieurs mois. Encore moins quand il s'agissait de Frédéric Marquand, et encore moins quand les deux protagonistes étaient en pleine tourmente.

- Je suis content de passer du temps avec toi ma Juliette. Même si c'est en de bien étranges circonstances.

Juliette ne savait pas tellement comment inciter son père à parler. Pourtant, elle sentait que s'il parvenait à se livrer, sa tension intense pourrait diminuer un peu.

Elle pensa qu'elle pourrait commencer par parler de sa sœur. Si elle montrait que ce sujet pouvait être abordé, peut-être que ça le mettrait en confiance.

- Papa, tu peux me parler de Lucie ?

Marquand soupira, ça n'allait pas être facile de tout expliquer à sa fille, mais en même temps il ne pourrait pas éternellement repousser ce moment. Si Juliette parvenait à accepter la situation, peut-être qu'il se sentirait libéré d'un poids.

Après tout, il en avait encore d'autres à porter...

- Lucie... Elle a débarqué dans ma vie il y a 6 mois, juste au moment où Alice et moi, nous avons commencé à vivre le début de notre relation.

Il se tut. Dans sa tête passaient des images de ces premiers moments merveilleux. C'était à l'époque où Divo voulait absolument faire plonger Alice. Il avait roulé vite ce jour-là, pour laisser derrière lui la voiture de ceux qui le suivaient depuis deux mois. Il roulait très vite tout comme maintenant, mais il ne fuyait pas. Il se souvenait très bien de ce moment ; en même temps que de l'adrénaline, il ressentait une excitation féroce. Il avait adoré ça.

Alice avait ouvert la porte, son visage était fatigué mais elle l'avait accueilli en se jetant dans ses bras, en se collant à lui, en l'embrassant avec passion, comme au moment de leur arrestation après la fuite de Brémont. Il était entré dans l'appartement pour mieux l'étreindre, pour mieux l'embrasser, pris par la même fièvre qu'elle. Elle avait pris sa main et l'encourageait à la poser sur sa cuisse en une caresse sensuelle et fébrile. S'ils n'avaient pas été interrompus par l'avocat d'Alice, probablement que leur première fois aurait eu lieu sur ce canapé où elle l'avait attiré.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant