Chapitre 53 : La Capitale des Ducs

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Jacques se réveilla tôt le lendemain.

Il faisait beau en cette journée de mi-mars, le soleil brillait dans un ciel sans nuages. Jacques regardait la brise dans les grands arbres qui entouraient sa propriété. Le vent doux sur les branches des saules-pleureurs, il avait toujours trouvé ça apaisant à regarder.

Ce matin ne faisait pas exception, il se détendait à cette vue familière et reposante.

Il but un café.

Marquand n'était pas encore apparu.

Jacques l'avait trouvé très fatigué la veille au soir, fatigué et inquiet. Il espérait que cette nuit au calme l'aurait un peu apaisé.

Même fâché après lui, Jacques ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la tendresse à son égard.

Et puis, Alice et Paul arrivaient à la gare à 11h30.

Jacques ne savait pas tellement comment procéder. Il souhaitait plus que tout que sa fille et cet homme puissent se voir, se parler. Mais avec le caractère imprévisible et ombrageux du Commandant, il ne parvenait pas à anticiper et prévoir sa réaction s'il lui proposait de venir avec lui à la gare.

Le mettre devant le fait accompli ; voilà qui paraissait être la meilleure solution, même si Jacques n'était pas coutumier de ce genre de pratiques qu'il réprouvait habituellement.

Il lui proposerait d'aller en ville sous un prétexte quelconque.

Et puis ils iraient à la gare.

Ensuite... Ensuite il aurait fait ce qu'il avait à faire.

Ce qui se passerait après ne lui appartiendrait pas.

***

Seul il s'était endormi, seul évidemment il se réveilla.

Il avait dormi d'une traite, d'un sommeil de plomb, sans cauchemars, sans espoir non plus.

Il s'étira et se frotta le crâne. Son hématome lui faisait encore mal, ainsi que ses côtes, là où Dragan et Jasper l'avaient frappé.

Les draps étaient doux sur sa peau irritée.

De la douceur ; quel sentiment incongru au vu de la situation dans laquelle il se trouvait.

Méritait-il de se sentir confortablement allongé, le nez enfoui dans les oreillers à l'odeur de lessive si agréable ? Le dernier geste de douceur auquel il avait été soumis provenait de Julia, et il n'avait rien fait pour l'en empêcher. Il se sentait tellement coupable de ça.

Certes, il s'était passé tant de choses dans les heures qui avaient suivi. Il avait tant compris, quand il avait regardé ses Démons en face.

Mais qui croirait qu'il était devenu digne de confiance ?

Il se leva et partit prendre une douche. Il essaya de ne pas frotter trop fort sa peau. A quoi cela lui servirait, de souffrir à chaque frottement de tissus ? Il avait assez de sa culpabilité à porter, il n'avait pas besoin de torturer son corps pour que son âme se souvienne qu'il avait commis une faute.

Il s'habilla rapidement, d'un jean et d'un t-shirt noir. Il descendit jusqu'à la cuisine, où Jacques se tenait, pensif, devant un bol de café.

- Bonjour Jacques.

- Bonjour Fred. Un peu reposé ?

- Oui, j'ai pu dormir, je crois que j'en avais besoin.

- Un café ?

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant