Chapitre 97 - Espoirs & désespoir

371 9 0
                                    


- « Retrouve-moi dans une heure », lui avait dit Noah avant d'entrer dans la clinique.

Bien sûr l'heure s'était écoulée, et il ne revenait toujours pas.

Léa devait-elle à son tour entrer dans la clinique et chercher à se renseigner à son propos ?

Où était-elle sensée le retrouver finalement ? A l'intérieur ? A la terrasse du café ?

Elle essaya de lui téléphoner, mais ce fut la voix désincarnée du répondeur qu'elle eut pour tout interlocuteur. Evidemment, ça n'était pas rassurant. Elle tenta une nouvelle fois, pour le même résultat angoissant.

Juste après ce second essai, elle vit ressortir le couple aux yeux clairs. La femme avait la mine fatiguée, mais elle était doucement souriante, expression que Léa lui voyait pour la première fois. Son mari lui tenait la porte, prévenant, précautionneusement même. Comme si elle était un trésor à elle toute seule.

Léa ne pouvait pas savoir que cette femme n'était pas toute seule, mais qu'elle était trois. Et qu'en ces instants, en comptant son mari tellement attentionné, ils étaient exactement quatre.

Léa ne pouvait pas le savoir, mais elle le devina, elle le ressentit à leur manière de se comporter. Quelque chose avait changé en eux. Ils paraissaient moins ternes, moins anxieux. Ils paraissaient plus vivants.

Et si Léa n'avait pourtant jamais ressenti un quelconque instinct maternel, ni de compassion particulière pour le monde étranger qu'était celui des parents ou des futurs parents, elle fut toutefois frappée de plein fouet par une évidence :

Ces gens-là venaient de vivre quelque chose qui les rendait pleins d'espoir. Et il ne pouvait pas y avoir cinquante raisons expliquant leur métamorphose, au moment précis où ils sortaient de cette clinique si spécialisée.

Ils avaient reçu une nouvelle qui était plus qu'encourageante.

Ou ils avaient reçu des embryons.

Ceux avec lesquels le laborantin de Paris était arrivé le matin-même, peut-être ? De qui provenaient-ils ? De Marquand et d'Alice, comme le redoutait tellement Noah ? Comme elle avait presque fini par s'en persuader, elle aussi ?

Noah ne répondit toujours pas à son troisième appel.

***

Leur sidération dura un moment. Ils n'arrivaient pas à croire ce que leur disaient leurs yeux.

- Comment est-ce que « ça » a pu arriver?

Rodolfo Victorino avait le visage décomposé. Tout avait dérapé tellement vite. Les questions à cet homme trop curieux, les réponses qu'il ne voulait pas donner, la résistance qu'il avait opposée lorsqu'ils avaient voulu le contraindre et le séquestrer dans la cave afin de prendre un peu de temps pour décider de la suite, qui serait probablement une fuite vers un pays lointain, en le laissant là.

Les coups pour le faire taire, et puis ce silence brutal, soudain, terrifiant, lorsque sa tête avait heurté le mur au cours de ces quelques minutes où il avait tenté de se défendre.

Ce silence brutal dont il ne sortirait plus.

Jamais plus.

- C'est un accident, Rodolfo. Un putain d'accident.

- Mais on fait quoi maintenant, hein ? On fait quoi ?

- On se tire. On a de l'argent, puisqu'on on a tout mis de côté depuis le début, tout ce qu'on a récolté depuis qu'on fait « ça ». On a chacun notre compte dans une île où personne ne pose de question. On part tout de suite. On doit décoller avant que tout ça ne soit découvert.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant