Chapitre 84 : Confrontations

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Au détour d'un carrefour, après avoir longtemps flâné dans les rues et déambulé dans les ramblas, ils se retrouvèrent face à un bâtiment de plusieurs étages, aux contours de brique. Sur sa façade, on pouvait lire « Clinique Progyn ».

Léa, curieuse de nature, s'approcha des portes vitrées et déchiffra sans hésitations les différentes informations qui y étaient inscrites.

- Noah, regarde ! Une clinique qui fait des FIV et des dons d'ovocytes ! Exactement comme ton Chef et sa Juge !

Noah essaya de feindre la surprise. Mais il n'était pas très doué pour mentir. Léa le taquina.

-« C'est quoi le message ? Tu veux être donneur ? Tu veux adopter un embryon ? Tu... »

Elle le regarda vivement.

- « Tu es là pour ton boulot ? »

Noah baissa un instant les yeux.

- Oui Léa. Mais pas officiellement.

- Comment tu as pu faire ça ?

La voix de Léa exprimait une sorte de stupéfaction, mais pas vraiment de colère. Elle savait que Noah était passionné par son travail, et même au-delà. Et tout de suite, elle imagina un lien avec le protocole de FIV que suivaient actuellement le Commandant et la Juge. Elle allait déjà essayer de comprendre, et ensuite elle ne manquerait pas de donner son opinion.

- On s'assoit et je te raconte ?

Ils s'installèrent à la terrasse d'un petit bar, à peine plus loin. Noah avait pris la place qui lui permettait de regarder la façade du bâtiment.

« Il y a quelques semaines, une lettre anonyme m'a été personnellement adressée... »

Léa, attentive, écouta captivée la suite du récit.

***

Juliette et Lucie passèrent un long moment ensemble, la sœur aînée essayant d'apaiser sa cadette par un raisonnement posé et serein :

- En ce moment ils sont proches, complices. Les épreuves les soudent. Apparemment les premiers éléments que nous avons sur la FIV sont encourageants. Alice a été en danger hier mais ce danger est écarté et elle s'en est bien sortie. De quoi as-tu peur ?

- Lucie... Tu sais que papa a eu une aventure avec ma coloc quand il était avec moi à Berlin... Elle s'appelle Julia, c'est une fille adorable mais elle m'inquiète. J'ai l'impression qu'elle n'arrive pas à « décrocher » de lui.

- Ah, je crois que notre père a un sacré passif avec les femmes !

Elles rirent de bon cœur.

- Bon, ça serait bien qu'il se calme un peu maintenant, dit Lucie.

- Papa aime Alice, mais il aime les femmes. Je crois que ce risque existera toujours, surtout quand il ne va pas bien. Et justement, là, il risque d'y avoir des moments difficiles. Tu imagines si la FIV ne fonctionne pas, si Alice ne veut pas faire une autre tentative ?

Elles restèrent un peu silencieuses. La question de Juliette était pertinente. Elles ne pouvaient pas être sûres qu'il serait suffisamment solide pour affronter ce type d'adversité. Et elles avaient compris quelle était sa manière bien à lui de faire face aux problèmes.

- Tu crois que son désir d'enfant pourrait aller jusqu'à... hasarda Juliette.

Lucie secoua la tête.

- Papa ne veut pas forcément être père à tout prix. Ce qu'il veut, c'est un enfant d'Alice, pas d'une autre.

Juliette poussa un soupir de soulagement. Sa sœur avait raison et elle ne devait pas s'inquiéter, en tous cas pas pour ça. Ce qui n'empêcherait pas qu'il y avait, en lien avec Julia, d'autres sujets de préoccupation.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant