Chapitre 52 : De retour

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C'est Noah qui conduisit jusqu'à Strasbourg, où ils arrivèrent en fin d'après-midi. Marquand était soulagé d'être revenu en France.

Passer la frontière, c'était se retrouver dans le même pays qu'Alice.

Noah aussi était soulagé. Rentrer en France avec le Commandant, c'était une chose qu'il avait espérée et qu'il avait eu peur de ne pas pouvoir réaliser tant la situation lui était apparue désespérée à un certain moment.

Il avait accompli sa mission, et il était même allé au-delà : il avait sorti Marquand, Juliette et Matthias, de l'antichambre de la mort, il avait contribué à l'arrestation de trois dangereux individus. Il avait aussi été présent, et regardé sans pouvoir intervenir, le Commandant succomber aux avances de la charmante Julia. Il n'avait aucune prérogative pour l'en empêcher. Il s'était contenté d'être là, attentif, pour l'épauler dans ses incertitudes et l'empêcher de repartir vers ses démons.

Marquand regardait par la vitre la tour de la Cathédrale que l'on voyait de loin, flèche unique s'élançant à l'assaut du ciel bleu foncé du soir tombant. Il admira la couleur rosée de la pierre ciselée dont était fabriqué l'édifice religieux.

- « Je ne connais pas cette ville mais j'ai envie de la visiter un jour » déclara Marquand d'une voix calme, se laissant gagner l'espace de quelques instants, par la quiétude de la nuit tombante.

Noah ne répondit rien mais sourit. Parfois, le Commandant parvenait encore à le surprendre par des accès de pensées un peu mélancoliques, alors que l'instant d'avant il avait pu tout aussi bien s'exprimer en parlant fort et avec un vocabulaire à écorcher les oreilles.

Il aimait bien le paradoxe, Marquand.

Noah se stationna devant la gare. Un coup d'œil rapide aux écrans vidéo lui permit de constater qu'il y avait encore deux TGV dans la soirée pour qu'il puisse rentrer à Paris.

Marquand sortit à son tour de la voiture. Il avait encore pas mal de route à faire avant d'atteindre son but.

Marquand et Noah se firent face au moment de se séparer.

- Allez, file retrouver les bras de Léa !

Noah sourit, heureux à cette idée, ainsi que de la bénédiction de son supérieur pour cette relation qui avait commencé dans des conditions plus que délicates.

- Toi au moins tu n'as pas fait le con... Tu n'as pas risqué ta vie comme un crétin qui a failli se faire buter par des néo-nazis... Et tu n'as pas collectionné les conneries pour perdre toutes tes chances de retourner dans les bras qui comptent pour toi. Bravo P'tit Con. Finalement, Noah, tu mérites mal ton surnom.

Une accolade rapide, pudique mais pleine de reconnaissance contenue, les réunit quelques instants, puis ils se séparèrent et partirent chacun vers ce qui les attendait.

La certitude de douces retrouvailles pour l'un.

L'inconnu pour l'autre.

***

Colmar – Mulhouse – Belfort – Besançon – Dole...

Marquand luttait contre l'épuisement et avait l'impression de réviser une leçon de géographie de l'Est de la France.

Il y a longtemps qu'il n'y avait plus de neige, bien avant la frontière avec l'Allemagne.

Il avait hésité un moment entre la radio, la musique et le silence. La musique avait réveillé des sentiments trop douloureux. Et il n'avait pas envie d'entendre les inepties débitées en boucle sur les stations d'information. Il avait donc choisi le silence, essayant de se concentrer sur le présent.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant