Lucie réitéra sa question.
Alice s'installa plus confortablement dans le canapé. Ou plutôt, elle essaya. Toute cette sensation de gêne et de douleurs un peu confuses dans son ventre depuis quelques jours, ça la dérangeait à chaque mouvement. Elle avait l'impression de se sentir lourde, même si rien ne se voyait sur sa silhouette.
C'était à l'intérieur. Il se passait des choses. Son corps, stimulé par les hormones, travaillait sans cesses.
La veille, lors de sa visite au Dr Rafaël, l'échographie et la prise de sang avaient confirmé que la date de ponction des ovules était toute proche. Marquand n'avait pas pu venir avec elle, c'est donc elle qui était en charge de lui transmettre la consigne un peu déplaisante du médecin : abstinence jusqu'à la date de la ponction, afin que son passage solitaire dans la petite pièce soit le plus contributif possible.
Tout comme elle souffrait pour parvenir à donner l'infime partie d'une amorce de toute petite existence, il devrait faire de même.
Un tout petit peu d'Elle, un tout petit peu de Lui, et alors peut-être qu'une nouvelle Vie pourrait débuter.
(...)
Le soir quand elle était rentrée, Marquand, comme à chaque soir depuis le début de son traitement, lui avait demandé de ses nouvelles. Alors elle lui avait raconté : le nombre, la taille des ovules en formation ; ils avaient partagé leurs espoirs autour de ces nouvelles encourageantes.
- « C'est pour bientôt cette fois-ci », avait dit Alice.
Marquand avait souri tout en caressant son visage.
- Tu me parais bien fatiguée.
Elle avait nié.
- Je vais me coucher tôt ce soir, et demain je serai en forme. En plus tu as l'ordre du Dr Rafaël de ne pas m'approcher !
- Pardon ? Mais pourquoi ?
Son air étonné avait fait rire Alice.
- Rappelle-toi Fred... Le Dr Rafaël t'a expliqué. Toi et tes trente millions d'amis, vous devez être en pleine forme pour le jour J ; enfin, surtout eux.
Juste imaginer que la serrer dans ses bras, ça ne serait pas possible pendant quelques jours, ça l'avait mis dans un état de désir qu'il avait tenté de mener jusqu'à son terme, malgré les recommandations du médecin.
Alice s'était éloignée en riant. Plus elle resterait, et plus il leur serait difficile de résister à cette tentation.
(...)
-« Alice, ça va ? »
La voix posée de Lucie la ramena à l'instant présent.
- Ca va, merci. Je suis un peu fatiguée ; c'est le rythme qui est difficile à tenir, entre le travail et les consultations.
- Un peu fatiguée, tu plaisantes ? Tu es plus que fatiguée, tu es carrément absente. Enfin, je veux dire que tu es là au milieu de nous, mais ton esprit est ailleurs.
Alice se laissa aller aux confidences. Elle se sentait bien avec Lucie. Elle l'avait maternée pendant sa grossesse, au début à cause de la culpabilité dévorante qu'elle ressentait pour avoir poussé Rachel dans les escaliers. Ensuite, pas la voie d'une affinité qui était née entre elles au fil des jours.
- Oui, en fait je suis complètement épuisée, mais c'est bientôt fini. La date de la ponction est très proche. Je me reposerai à l'hôpital.
- Depuis quand on se repose dans un hôpital, et après une anesthésie générale ? Alice, tu es pire que mon père dans le côté déraisonnable ! Et pourtant il place déjà la barre très haut.
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La Peur du Vide
FanfictionFan-fiction faisant suite à la série Française "Alice Nevers, le Juge est une femme" (Suite de la saison 12 diffusée au printemps 2014). Alice Nevers est Juge d'Instruction à Paris. Elle mène une vie bien remplie, avec son fils Paul, de 5 ans, issu...