La Peur du Vide

Chapitre 6 : Faites vos jeux

Chapitre - Faites vos jeux

Une fois son père parti pour retrouver Paul, Alice s'autorisa à laisser aller le cours de ses pensées. Mais curieusement, elle qui souvent devait décider, agir, se positionner, en ces instants elle se sentait déroutée. Et pas forcément prête à avoir une discussion de fond.

Puis une idée lui traversa l'esprit et elle prit son téléphone. Elle lui envoya un texto signifiant sur le ton de l'humour, que le premier des deux qui se trouvait le plus égocentrique des deux lance la pierre à l'autre.

Au moins, elle avait remis la balle au centre et la partie pouvait continuer. Marquand était parti contrarié, elle était là, réalisant petit-à-petit qu'elle avait involontairement pu être blessante. Un point partout.

Sauf qu'elle n'aimait pas tellement jouer pour de vrai avec lui, surtout quand l'enjeu était aussi important que le sujet à peine évoqué par Marquand. Sa stérilité. Et la réaction inégale que cette annonce avait produite sur chacun d'eux.

***

Marquand avait fini par échouer chez Hakim.

Hakim : Ah, mon Fred, ça faisait longtemps... Mais tu as une de ces mauvaises mines ! Allez je t'apporte un kebab et tu me racontes tout.

Un kebab à 11h00 du matin, Marquand avait bien besoin de ça. Et de l'oreille attentive et amicale du restaurateur. Une conversation entre hommes. Entre hommes qui se respectaient et qui avaient déjà assez vécu pour se permettre d'aller directement à l'essentiel, sans se mentir.

Hakim : Alors, que deviens-tu ? Comment va cette mystérieuse femme si belle qui tout comme toi, semble adorer jouer au chat et à la souris ?

Marquand sourit malgré lui à l'évocation d'Alice et de leur relation tumultueuse. Cette relation si passionnée, si complexe, si imprévisible . Dans son esprit passèrent des images de leurs colères, de leurs baisers, de leurs incompréhensions, de leurs échanges houleux, de leurs traits d'humour, de leurs nuits d'amour.

Du temps qu'il avait passé à l'attendre, à la désirer, à la voir tout risquer pour un autre. De son regard qui la suivait à chacun de ses pas lorsqu'elle était enceinte. De leur fougue et de leur passion qui avait enfin pu s'exprimer dès lors que Brémont avait disparu. De tout ce qu'ils avaient en commun. De tout ce qu'ils avaient d'opposé. De tout ce qui les liait au-delà des mots.

Marquand : j'ai failli la perdre hier, parce que je me suis comporté comme un con.

Hakim : raconte-moi.

Alors Marquand raconta. Tout. Les diamants, la fuite de Brémont, Alice qui n'avait pas voulu le suivre. Cette passion qu'ils pouvaient enfin vivre. L'arrivée de Lucie et de sa « mère ». La distance douloureuse qui s'était installée entre eux. L'agression. La peur qu'il avait eue de la perdre. Sa blessure insupportable.