Alice soupira.
Elle n'aimait pas les salles d'attente. Marquand non plus évidemment.
Seul ou pas, il détestait tout simplement attendre. La seule chose dans sa vie pour laquelle il avait eu une patience plus qu'admirable, c'était quand il l'avait attendue, Elle.
Il aurait peut-être même pu continuer à l'attendre encore si elle ne l'avait pas attiré à elle, cette nuit-là, après qu'ils aient erré dans les entrailles du Palais pour résoudre l'affaire Urbex et l'innocenter face à Divo.
Si elle ne l'avait pas retenu par la manche de son blouson, il aurait attendu encore. Il aurait continué à la regarder, à l'admirer, à la protéger. Ça ne l'aurait pas empêché de sortir tard le soir et de rentrer accompagné d'une autre. Homme il était, et en homme il se comportait. Les deux manières d'agir étaient clairement distinctes pour Marquand : l'amour inconditionnel d'un côté, l'amour physique de l'autre. C'est vrai que c'était mieux quand c'était avec la même personne.
Mais en attendant que ce soit le cas, il s'accommodait fort bien de cette dichotomie.
- Il nous a zappés ou bien ?
Alice lui sourit, essayant de l'apaiser, mais elle se sentait un peu agacée, et anxieuse aussi.
Puis le médecin arriva.
- Madame Nevers, Monsieur Marquand !
- Docteur Raphaël, lui répondit Alice sourire dans un sourire.
Ils écoutèrent avec attention les explications. Les injections quotidiennes pour Alice, les échographies, les prises de sang, un suivi très rigoureux pendant deux ou trois semaines. Et puis l'anesthésie, l'entrée de Marquand en scène, la rencontre espérée de ces infimes parties d'eux-mêmes.
Ils repartirent avec des ordonnances. Des craintes et des espoirs.
Et leurs doigts entrelacés pendant qu'ils marchaient silencieusement dans la rue.
***
Quelques jours plus tôt :
Romain avait beaucoup parlé avec Fabien, dès l'instant où ils s'étaient sentis complicement liés par les dissimulations à chaque jour réitérées de leurs traitements.
Il était subjugué d'apprendre qu'il était enfermé dans ce lieu depuis déjà dix longues années.
Admiratif aussi.
Dix ans dans cet endroit. Comment était-il parvenu à supporter cela ?
- J'ai compté, expliqua Fabien. Quand c'est une nouvelle année qui commence, je trace 365 cercles. Et puis je les barre un par un. J'aime bien octobre. C'est le mois où je peux exercer un recours auprès du Juge des Libertés. Je recommence tous les ans. Tu sais ils ne comprennent rien à mon histoire. Tous autant qu'ils sont. Jamais aucun d'entre eux ne m'a accordé ma sortie. C'est pour ça que j'arrête les médicaments. Pour préparer mon évasion.
- Et c'est quoi ton histoire ? demanda Romain.
Fabien recula, tout de suite sur la défensive.
- Jamais tu ne le sauras! Mais je l'aimais tu sais. Je l'aimais plus que tout.
Romain n'insista pas. Il se sentait en phase avec Romain. Il avait un peu l'impression qu'il parvenait à entrer dans son esprit et lire dans ses pensées par moments. Encore un peu de temps et cela deviendrait de plus en plus aisé. Que Fabien lui explique ou non, il finirait par savoir ce qui l'avait mené ici. Et c'était plutôt excitant parce qu'il était convaincu par avance que cet acte le laisserait complètement admiratif.
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La Peur du Vide
FanfictionFan-fiction faisant suite à la série Française "Alice Nevers, le Juge est une femme" (Suite de la saison 12 diffusée au printemps 2014). Alice Nevers est Juge d'Instruction à Paris. Elle mène une vie bien remplie, avec son fils Paul, de 5 ans, issu...