Chapitre 59 - C'était au temps où Bruxelles chantait

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- Papa, on peut te laisser Paul pour deux jours ?

- Mais bien entendu mes enfants ! Même plus longtemps si vous voulez !

Jacques arborait un air complice, empli de sous-entendus et surtout de joie.

- Vous avez envie de me dire où vous partez ?

- On va à Bruxelles papa... Fred a quelqu'un à voir là-bas. Je l'accompagne.

Alice s'occupa de réserver les billets de train pendant que Marquand était réquisitionné par Paul, qui visiblement avait besoin de compenser tout le manque qu'il avait eu de son parrain ces derniers temps.

Les bagages furent vite prêts, ils ne partaient pas longtemps.

Jacques & Paul les déposèrent à la gare et les regardèrent partir en leur faisant de grands signes d'au revoir.

Marquand glissa sa main dans celle d'Alice. Leurs doigts, qui s'étaient perdus trop longtemps, retrouvèrent pourtant instantanément l'instinct de s'entremêler et de se serrer fort.

Il leva la tête et marcha d'un pas assuré.

La main d'Alice était dans la sienne et l'étreignait.

Ca lui donna le sourire.

Alice le regarda. Elle le trouvait si beau quand il souriait.

Ils prirent place dans le TGV.

Marquand appréciait chacun des gestes qu'il faisait : lui tenir la porte, prendre le trench d'Alice et le déposer au dessus de leurs sièges. La frôler lorsque le train démarra sur une petite secousse, comme pour l'empêcher de perdre l'équilibre. Veiller sur elle. Commenter le paysage avant que le TGV ne prenne trop de vitesse, essayer avec elle de se situer par-rapport à la vallée de l'Ouche et la maison de Jacques.

Etre tout près d'elle pour lui parler, même si ce qu'il disait n'avait rien de confidentiel. Esquisser des gestes tous doux, l'effleurer au moindre prétexte.

Alice souriait. Elle sentait son odeur, sa proximité, son attention qui n'était destinée qu'à elle. Et elle percevait tellement d'autres choses encore...

Il était tout juste midi. Elle regarda ce fichu Commandant avec son sourire désarmant dont elle savait qu'il le faisait fondre. La journée allait être longue... pour lui. Et elle savait comment la lui rendre interminable.

Elle était fatiguée aussi, car la nuit dernière avait été riche en émotions, et très courte aussi.

- Je peux ? demanda-t-elle à Marquand en posant la tête sur les genoux du Commandant, s'installant confortablement pour dormir.

Il n'eut pas besoin de répondre car elle vit dans le plaisir sur son visage, tout le bien qu'il pensait de cette demande.

Elle se cala tranquillement, la tête sur ses cuisses, ferma les yeux en jouant négligemment du bout des doigts, sur le côté de sa jambe.

Marquand retint son souffle, en passant doucement sa main dans les longs cheveux d'Alice.

Son supplice ne faisait que commencer, et il serait le prix à payer pour peut-être mériter le droit d'être à nouveau accepté à la place qu'il désirait plus que toute autre : le creux de son ventre.

Alice s'endormit rapidement, mettant fin pour un court moment, au désir qu'avait fait naître en lui le simple effleurement de ses doigts sur sa cuisse. Sa respiration reprit un rythme normal et il profita de l'instant présent pour savourer le bonheur à la fois simple mais si fragile, de la voir dormir, apaisée, tout contre lui.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant