-Marquand ? Marquand ???
Le son de son propre cri réveilla Alice en sursaut.
Quelle était cette déplaisante sensation de nausée ; ces douleurs dans son ventre, cette sensation d'étouffer ?
Elle ouvrit les yeux et regarda autour d'elle.
Une chambre d'hôpital. Elle toucha son ventre ; des pansements, partout. La mémoire lui revint, assez précise malgré la brume dans laquelle ses pensées semblaient engluées.
L'escalier, l'agression de Rachel/Marie, les coups de scalpel qu'elle avait reçus.
Sa longue marche dans le couloir.
La peur infinie dans les yeux de son Commandant.
***
La tête dans un étau et une douleur lancinante dans la main, celle qui avait tapé dans le mur hier soir.
Une petite main fraîche qui lui tapotait la joue.
Paul : Parrain, parrain ! Pourquoi tu dors avec une bouteille ? Elle est où maman ?
Marquand : Mon Paulo !
Il essayait de reprendre ses esprits et de ne pas faire trop mauvaise figure devant l'enfant.
Il le serra longuement dans ses bras. Il aimait tant ce petit garçon, lui qui avait veillé farouchement sur la grossesse d'Alice, lui qui avait été là à sa naissance et à presque tous les moments importants de sa vie, sauf pendant cette trouble période, quand Matthieu avait fait le vide autour d'eux. Souvent il avait le sentiment d'être plus responsable et plus impliqué dans la vie du Petit Paul, que Brémont lui-même. Pour autant, il avait la lucidité de rester à sa place et de ne pas se prendre pour ce qu'il n'était pas.
En l'occurence, il n'était pas le père de l'enfant d'Alice.
Et par sa faute, cela ne se produirait jamais.
Désserrant son étreinte, il prépara le petit Paul pour aller à l'école et lui donna des nouvelles de sa maman. Le petit garçon fronça les sourcils, contrarié et inquiet. Marquand lui promit de l'emmener auprès d'elle dès que les médecins l'autoriseraient.
Il l'accompagna à l'école et le regarda partir.
« Bonne journée mon petit bonhomme... »
Puis, il fila à l'hôpital.
Vite, retrouver Alice.
***
Alice l'attendait. Depuis son réveil brutal au milieu de cette matinée étrange, elle n'attendait que le moment où il entrerait dans sa chambre. Tout son esprit était capté par cette espérance, ce besoin urgent. Elle ne pouvait même pas imaginer qu'il en serait peut-être autrement. Il ne pouvait tout simplement pas en être autrement.
Aussi, elle regardait la porte en souriant.
Certes, elle avait mal. Certes, elle avait des centaines de questions à lui poser. Certes, elle ne savait rien sur son état de santé, sur ce qui se cachait sous ces pansements qu'elle avait touchés à son réveil.
Mais en cet instant, ce qui la portait, c'était le bonheur de se savoir en vie.
Le bonheur de savoir qu'elle allait pouvoir connaître la suite ; qu'elle allait pouvoir la vivre pleinement, alors qu'elle avait probablement failli la perdre.
Le bonheur de savoir qu'elle allait pouvoir retrouver son petit Paul et le voir grandir.
Le bonheur, enfin, de le retrouver, Lui. Son Commandant. Son plus proche ami, son pire détracteur, sa plus insolente rencontre, son plus bel amant. Lui, Marquand.
***
Quand la porte s'ouvrit, donc, Alice sourit de bonheur.
Comme elle s'y attendait, c'était Lui.
Alice : Bonjour mon Amour.
Marquand (surpris, ému) : Bonjour Alice.
Il vit son sourire et ses bras qui se tendaient pour l'inviter à s'approcher. Il sentit son regard doux l'envelopper et il aima cette sensation, qui apaisa pour un temps toutes ses craintes, toute sa culpabilité.
Il répondit à son appel muet et s'approcha d'elle.
Alice : J'ai eu si peur, j'ai cru que je n'allais jamais te revoir, c'était terrible de me sentir partir sans avoir pu connaître la suite de ma vie. Et de la notre aussi.
Elle attira Marquand contre elle, passant ses mains fraîches sur sa nuque et enserrant son cou pour l'amener tout proche de son visage.
Elle planta son regard vert embué dans les yeux bleus du Commandant. Elle vit tant de choses dans ce regard, tant de choses qu'il ne saurait jamais dire. Elle lut de la contradiction, son orgueil mâle, sa fragilité, sa tendresse, elle y lut la passion. Tout ce qui faisait de lui cet être unique et si important à ses yeux.
Elle se pencha en avant pour effleurer ses lèvres, très doucement. Leur douceur la surprit. Après toute cette douleur, c'était si bon de sentir la tendre pression de ses lèvres sur les siennes. Elle l'attira encore plus près pour lui offrir un baiser plus passionné, auquel il répondit sans se faire prier.
Elle se sentit vivante comme elle ne l'avait jamais été.
Il se sentit vivant comme cela ne lui était pas arrivé depuis des temps oubliés.
Alice : Je vous aime Commandant
Marquand : Je vous aime, Madame le Juge.
Dans leurs sourires, il y avait plein de promesses.
VOUS LISEZ
La Peur du Vide
FanfictionFan-fiction faisant suite à la série Française "Alice Nevers, le Juge est une femme" (Suite de la saison 12 diffusée au printemps 2014). Alice Nevers est Juge d'Instruction à Paris. Elle mène une vie bien remplie, avec son fils Paul, de 5 ans, issu...