Chapitre 57 - Confidences

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Alice se tourna dans son lit. Elle lui trouvait tous les défauts de la terre. Trop mou, pas assez confortable, démodé.

Trop vide surtout.

Elle pensa à cet homme, à l'étage en-dessous.

Ce fichu Commandant.

Dormait-il, lui ? Etait-il parvenu à un sommeil rédempteur malgré le poids de ses fautes ?

Elle l'avait regardé sans cesses tout au long de la journée.

Il paraissait tellement mal-à-l'aise, tellement coupable, osant à peine s'approcher d'elle, même s'il avait répondu présent à chacune des sollicitations qu'elle lui avait faites.

Il avait montré un respect infini envers elle et chacune de ses demandes. Il n'avait rien forcé, rien provoqué, se contentant d'attendre son avis, le résultat de ses choix.

Il n'avait même pas manifesté de colère ou de désapprobation quand elle avait décidé de le reléguer dans le canapé.

Il avait l'air tellement coupable, tellement conscient des blessures qu'il lui avait infligées à chacun des actes qu'il avait commis, depuis ce jour du Rendez-Vous avec le Dr Rafaël.

Il l'avait fait souffrir ; mais à présent elle arrivait à ressentir de la peine pour lui.

Elle n'avait pas envie de mélanger les choses, elle n'avait pas envie d'inverser les rôles.

Mais elle se dit qu'il avait certainement des choses à exprimer, et qu'elle ne pourrait jamais continuer à vivre sans les connaître ; sans lui laisser une chance pour en parler.

Elle repoussa ses draps. De toute façon, ils étaient trop doux. Ou trop souples. Ou trop rêches. Bref, ils ne convenaient pas.

Elle se leva doucement, ouvrit la porte de sa chambre et descendit les escaliers de bois avec légèreté.

Elle avait oublié la marche qui grince, celle à laquelle elle faisait si attention quand elle était adolescente. La troisième en partant du bas.

Dans son lit, Jacques sourit.

Le grincement fit sursauter Marquand. Il avait fini par sombrer dans un demi-sommeil peuplé de curieux rêves à thématique religieuse. Dieu et Diable s'y affrontaient, avec comme Juge Saint-Michel, celui qui était habilité à peser les âmes et à décider de leur sort éternel :

Paradis, Enfer, Purgatoire ?

Et là, c'était son tour.

Ce bruit le tira de cette sorte de quasi-cauchemar, et il en fut immédiatement soulagé. Il redoutait la sentence de Saint-Michel.

Il se rendit compte qu'il était en sueur. Il prit son tee-shirt et s'essuya le torse.

Et puis, il l'entendit.

- Fred ?

Alice.

C'était tellement bon d'entendre le son rassurant de sa voix au milieu de cette nuit peuplée de rêves troublants.

- Alice ?

C'était si bon d'avoir la possibilité de prononcer son prénom, et de savoir qu'elle était tout près, qu'elle était là pour l'entendre.

Il ne voyait presque rien dans cette pièce, la nuit était tombée depuis bien longtemps. Mais il sentit qu'elle s'approchait, et elle vint s'asseoir à ses pieds sur son lit. Un peu trop loin à son goût évidemment, mais c'était mieux que l'étage au-dessus.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant