Chapitre 56 - Indécisions

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Alice appela un taxi pour rentrer chez son père. Marquand ne savait toujours pas vraiment comment se comporter.

Bien sûr il y avait eu ce baiser très tendre entre eux.

Il y avait qu'elle avait senti tout le désir qu'il avait d'elle, et qu'elle ne s'en était pas offusquée, qu'elle ne l'avait pas rejeté comme on repousse dédaigneusement un homme trop entreprenant.

Après tout, elle aurait pu : il en avait aimé une autre quelques jours auparavant.

Il y avait eu ce lieu symbolique où elle l'avait conduit, et visiblement c'était important pour elle qu'il la suive dans cette démarche.

Mais quelle était sa place à présent ?

Alice n'avait pas abordé le sujet ; il n'osait pas le faire.

Ils montèrent dans le taxi.

- Alice ? Est-ce que je pourrai embrasser Paul quand on arrivera chez ton père ?

Alice se tourna vers lui.

- Oui, bien sûr, il sera heureux de te revoir, il a posé beaucoup de questions tu sais. Ca a été dur de lui expliquer... ce que je ne comprenais pas moi-même.

- Je suppose que tu attends des explications, des excuses ?...

Alice le regarda droit dans les yeux.

- Je n'ai aucune idée de ce que j'attends, Fred. Peut-être même que je n'attends rien.

Le restant du trajet se déroula dans un silence un peu oppressant.

Ils arrivèrent chez Jacques. Paul, entendant la voiture, dévalait déjà les marches du perron pour venir à leur rencontre.

- Maman ! Fred !

Il se jeta dans les bras de Marquand, nichant son petit nez dans le col de la chemise du flic.

Exactement comme aimait le faire Alice, se dit Marquand en savourant la spontanéité chaleureuse du câlin du petit garçon.

- Oh Parrain tu m'as trop manqué, même quand on était chez Edouard à Marseille avec maman & Théo, je pensais à toi tout-le-temps. Et maman elle était triste aussi !

- Mon Paulo, tu m'as manqué aussi !

- Alors pourquoi tu es parti ? Pourquoi tu t'es disputé avec maman ?

Marquand serra le petit garçon dans ses bras et murmura au creux de son oreille, que c'étaient des histoires de grands.

- Oui mais Fred, ça sert à quoi si tu m'aimes et que tu pars loin ? Ca sert à rien !

Paul essaya de se défaire de l'étreinte de Marquand ; il était très en colère après son parrain. Fred le serra plus fort, sans lui faire mal, juste en l'enveloppant encore plus pour qu'il se sente en confiance dans ses bras.

Le petit garçon arrêta instantanément de gigoter, sécurisé d'être ainsi calé dans les bras de cet homme qu'il connaissait depuis toujours.

- Mon Paulo, même si on se fâche ta maman et moi, jamais je ne te laisserai tomber. J'ai fait des bêtises de grand, mais je ne les referai plus. Tu crois que tu peux m'aider pour que ta maman me croie ?

Paul fit un grand « oui » de la tête.

Alice regardait la scène sans un mot.

Elle voyait l'affection de son fils pour Marquand, et même sa colère prouvait à quel point il avait été en manque de lui. Elle vit le geste paternel du flic qui, au lieu de laisser le gamin déguerpir, l'avait enveloppé de douceur pour l'aider à contenir sa colère, et à se calmer en toute confiance. Elle voyait leur complicité authentique, réelle, frappante.

La Peur du VideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant